Bonsoir à tous, Encore une fois, je sors du travail, traîne sur le quai et je n'arrive pas à me décider : qui vais-je aborder ? Et puis ...


Bonsoir à tous,

Encore une fois, je sors du travail, traîne sur le quai et je n'arrive pas à me décider : qui vais-je aborder ? Et puis je finis par rentrer dans la rame. Je jette un coup d’œil derrière moi, puis devant... J'aperçois un homme qui s'apprête à mettre des écouteurs.
 
Je vous présente Florian, 54 ans.

Dans la vie mon inconnu du jour travaille dans les assurances : " Depuis combien de temps je fais ce métier ? 20 ans de contacts téléphoniques avec les clients et j'aime ce que je fais. 
- Tu peux m'en dire plus ? En quoi consiste ton métier exactement ?
- Oui bien sûr, je m'occupe de sinistres automobiles du quotidien. Les sinistres qui reviennent le plus dans mon service, ce sont des enfants qui ont écrit sur la voiture du voisin, un caillou qui atterri dans la vitre ou la portière du véhicule du voisin... Et dans les plus étranges, quelqu'un dans le Sud de la France m'a appelé pour un sinistre de rafales de kalachnikov sur son véhicule. Je te rassure c'est rare, ça ! " (rires)

Les assureurs n'ont pas bonne réputation de manière générale et je lui demande si les gens sont agressifs quand ils l'appellent : " Non ! Il peut y avoir des tensions mais c'est très rare... On est dans l'écoute et on est là pour les aider, vraiment ! " 

Je fais un rapide calcul entre l'âge de mon inconnu et son ancienneté sur son job d'aujourd'hui : " Mais tu faisais quoi avant de travailler pour une assurance ?
- J'ai travaillé pour une agence de voyage et à un moment j'ai voulu réaliser mon rêve : devenir naviguant pour une compagnie aérienne. J'avais un entretien le 15 septembre 2001... Autant dire qu'après le 11 septembre, tout a été gelé. J'ai dû d'abord revoir ma voie professionnelle pour en faire le deuil quelques années après. 
C'est une ancienne collègue qui a été embauchée où je suis, qui m'a parlé d'une opportunité pro, et me voilà 20 ans après. " 

Je lui demande de m'apprendre un truc sur son métier : 
" Un véhicule n'est réparable qu'à la hauteur de sa valeur. Exemple : si tu as une vieille voiture de 20 ans, qui est cotée 400 € mais qu'il y a 4 000 € de réparations... Et bien ta voiture ne sera pas réparée et tu seras indemnisé, mais malheureusement pas du montant souhaité. " 

Florian aime : " Je n'ai pas de passion, pas de hobbie particulier... un ciné de temps en temps ou une bonne série et ça me suffit ! " 

Il n'aime pas : " Ce que je n'aime pas, je ne le fais pas ! (rires) Plus sérieusement je n'aime pas les dogmes religieux... J'adorerais que des extra-terrestres arrivent et prouvent que tout cela n'existe pas. " (rires)

" Es-tu heureux aujourd'hui ? 
- J'ai connu mieux ! 
- Pourquoi ? 
- Et bien parce que... " (rires)

Le mot de la fin ?
" Pour vivre heureux vivons cachés ! " 

Merci Florian et merci pour cette longue discussion sur la ligne 3, c'était super sympa ... J'espère que nous nous recroiserons.


A.



  Bonsoir à tous,  A près quelques tentatives infructueuses  sur le chemin du retour, je finis par monter dans le tramway et je décide de fo...

 


Bonsoir à tous, 

Après quelques tentatives infructueuses sur le chemin du retour, je finis par monter dans le tramway et je décide de foncer sur la première personne que je croiserai dans la rame ! Il a les écouteurs sur les oreilles, je me permets de briser sa bulle en lui parlant du projet : " Yes sans souci ! je me mets en face de toi ? " 

Je vous présente Jimmy,  24 ans. 

Dans la vie mon inconnu du jour est jardinier/paysagiste : " En fait, mon parcours professionnel est un peu plus compliqué que ça. (rires) 
J'ai un CAP jardinier paysagiste que j'ai passé en 2017 que j'ai exercé en apprentissage... Un peu par hasard d'ailleurs, car à la base je me rendais à la recherche d'un stage de découverte d'entreprise et je suis reparti avec un contrat d'alternance. Mais aujourd'hui, je ne suis à la découverte du monde professionnel, car j'ai soif d'apprendre de nouvelles choses. Je n'ai que 24 ans et j'ai taffé en restaurants, en tant que soudeur, j'ai été vendeur dans une animalerie, bossé à l'usine... Je suis polyvalent et je déteste la routine, j'ai besoin de découvrir des choses en permanence et je trouve ça super intéressant de ne pas rester juste dans un domaine spécifique. Et puis, avoir plusieurs cordes à son arc, je me dis que si ça ne me sert pas à moi, ça servira peut-être à quelqu'un. " (rires)

Je lui demande si son parcours scolaire a été semé d'embûches ? 
" Oui, plus ou moins, je n'ai jamais vraiment su ce que je voulais faire... Même si j'ai toujours eu une passion pour les plantes ! Notamment une... le cannabis. " (rires)

Je lui demande de me parler de son premier métier de paysagiste et de m'apprendre un truc : " C'est un job physique car on peut porter des choses lourdes, la météo ne m'a jamais trop dérangé mais ça peut décourager certains. Tu sais que dans ce métier on ne fait pas que s'occuper des plantes, on fait aussi de la maçonnerie pour réaliser des créations, des aménagements pour les clients. C'est d'ailleurs ça, la partie physique, la maçonnerie ! " 

Jimmy, tout naturellement, m'apprend qu'il habite sur Montaigu, qu'il était au SPIP44 et qu'il rentre actuellement chez lui, dans sa campagne comme il dit. " Jimmy, je suis désolé de ne pas savoir, mais c'est quoi le SPIP44
- C'est là que je me rends pour mon addiction au cannabis. Vas-y, écris mon histoire ça ne me dérange pas ! 
En fait je fume depuis l'âge de 13 ans, j'étais un gros fumeur et je travaille sur moi pour moins fumer même si je sais que je suis pas près de me débarrasser de ce produit car il est en moi... Il faut juste apprendre à vivre avec, comme pour un alcoolique : apprendre à vivre avec ses démons. 
- Un message pour les jeunes au sujet du cannabis ?
- Il faut sensibiliser les jeunes sur les addictions en général : alcool, drogues !! Je ne suis personne pour interdire aux jeunes, mais je suis là pour sensibiliser aux risques. " 

Jimmy m'avouera avoir des exutoires : la mécanique, faire du bateau sur la Sèvre, faire voler un drone et rouler à moto : " Quand je roule je me sens libre, mes démons sont loin quand je suis sur la route. " 

Il n'aime pas les carottes et le manque de respect.

" Es-tu heureux aujourd'hui ? 
- Ouais, ça va. Je ne déprime pas aujourd'hui, je trouve que j'ai une situation correcte... Y a pire ailleurs, moi je ne manque de rien. " 

Le mot de la fin ? 
" Il faut penser à son avenir c'est important pour ne pas manquer le coche. " 

Merci Jimmy, bon retour à Montaigu au calme et au plaisir de te recroiser dans le tram. 


A.



  Bonsoir à tous, La semaine dernière, c'est sur le quai du tram que j'ai abordé mon second inconnu... Je dis bien "second"...

 


Bonsoir à tous,
La semaine dernière, c'est sur le quai du tram que j'ai abordé mon second inconnu... Je dis bien "second" car cela ne fonctionne pas toujours du premier coup. Ce n'est pas toujours simple d'accepter de se faire photographier et interviewer à 6h20 du matin, haha !
Je vous présente Manu, 48 ans.
Dans la vie, Manu est tailleur de pierres, il exerce ce métier passionnant depuis vingt ans. Je lui ai demandé de me parler de son parcours : "En fait, c'est à un moment de ma vie où j'avais besoin de faire un virage professionnel à 180 degrés. (rires) J'ai fait une fac de Lettres, puis j'ai travaillé dans le social un peu par hasard, puis l'intérim... et c'est à ce moment-là que j'ai eu deux possibilités qui m'intéressaient : le travail du bois (charpente) ou la pierre (tailleur). Pourquoi ai-je choisi la pierre ? Et bien tout simplement parce que la charpente, ça peut parfois être un peu l'usine de grosses pièces fabriquées à l'avance... Moi, j'avais besoin et l'envie d'un métier traditionnel, très concret que je façonne moi-même."
Je lui ai demandé de m'apprendre un truc sur son métier : "Un conseil à l'ancienne ! Le principe du 3/4/5, si tu n'as pas d'équerre, c'est la base en mathématiques... Si les côtés d'un triangle mesurent respectivement 3, 4 et 5 centimètres (ou toute autre mesure), il doit y avoir un angle droit de 90 degrés entre les côtés les plus courts. Un petit conseil qui peut toujours servir, et pas que dans mon métier. (rires) Sinon, un formateur m'avait dit qu'il faut 10 ans pour devenir bon tailleur de pierre, parce qu'un bon tailleur de pierre est un fainéant : il faut savoir faire un minimum d'effort pour un maximum d'efficacité. C'est un métier difficile, dur physiquement, donc il faut savoir s'économiser au plus possible."
Mis à part son métier, Manu aime lire, faire de la moto, et il vient d'être papa pour la troisième fois, donc il aime passer du temps avec ses enfants.
Il n'aime pas le monde dans lequel on vit : "Je ne sais pas si je suis optimiste ou inconscient d'élever mes enfants dans ce monde, peut-être un peu des deux. Humainement, c'est compliqué et écologiquement, qu'est-ce que l'on va leur laisser..."
"Es-tu heureux aujourd'hui ?
- Oui ! Je trouve ton concept super sympa, je passe un bon moment... ça met de bonne humeur tôt le matin, et tu as raison, personne ne se parle dans le tram."
Le mot de la fin ?
"Très bonne journée et merci."
Merci à toi, Manu, c'était super sympa de te croiser et de discuter sur le quai... J'espère que nous nous recroiserons prochainement.

A.

  Bonsoir les gens !  C'est avec un peu, enfin, beaucoup  de retard que "nous" vous présentons l'interview de l'inconn...

 


Bonsoir les gens ! 

C'est avec un peu, enfin, beaucoup de retard que "nous" vous présentons l'interview de l'inconnue du jour. Quand je dis "nous" je fais bien sûr référence à mon père et moi. Nous avions interviewé 2 anonymes dans le tramway lors de ce samedi passé ensemble sur les lignes de tram ! 

Nous vous présentons Vered, 38 ans.

Dans la vie, Vered est freelance en communication internationale. "En quoi consiste mon métier ? Eh bien, j'aide les entreprises françaises à gagner en visibilité à l'international."

"Est-ce que c'était ton rêve de faire ce métier ?
- Non ! (rires) Je suis Américaine, j'ai obtenu un Master en psychologie. Après cela, j'ai travaillé dans la publicité. À un certain moment de ma vie, une opportunité s'est présentée à moi, et c'est ainsi que j'ai atterri dans la communication internationale."
Je lui ai demandé de nous enseigner quelque chose sur son métier. "Tant que tu crois en ce que tu racontes, les autres te croiront ! C'est clairement la devise de mon métier."

En dehors de son travail, Vered aime voyager, cuisiner, aller au cinéma et passer du temps avec des amis.

Ce qu'elle n'aime pas : "Je déteste les profiteurs, ceux qui usent de stratagèmes pour exploiter et prendre l'ascendant sur quelqu'un."

"Es-tu heureuse aujourd'hui ?
- Alors, je n'aime pas ce mot : 'heureux' ! Tu peux ajouter ça aussi. (rires)
- Pourquoi n'aimes-tu pas cette question ?
- Je trouve que cela réduit la vie. Laisse-moi m'expliquer. (rires) Pour moi, si tu me demandes si je suis heureuse là, tout de suite, je peux te répondre oui... mais cela réduit ma vie. Il y a des hauts et des bas."

Le mot de la fin :
"Il fait chaud dans le tramway !" (rires)

Merci à Vered, et peut-être nous recroiserons-nous un de ces jours.

R.
(Cette interview a été réalisée avec mon papa)