Voici la correction tout en gardant la mise en forme originale : --- Bonsoir à tous, La semaine dernière, j'étais motivé : je voulais ...

 


Voici la correction tout en gardant la mise en forme originale :

---

Bonsoir à tous,

La semaine dernière, j'étais motivé : je voulais faire deux interviews dans ma journée... je vous spoile, mais ça ne s'est pas passé comme prévu, haha ! Mais le matin, tôt, trop tôt, j'ai rencontré un nouvel inconnu sur le quai de Pirmil.

Je vous présente Stève, 57 ans.

Dans la vie, mon inconnu du jour est enseignant : "Je suis prof à la fac depuis 25 ans, j'enseigne dans la filière LEA : les Langues Étrangères Appliquées. Ce que j'enseigne dans cette filière ? Pour faire simple, j'enseigne le droit comme la découverte économique, le droit des entreprises, le droit du travail, l'économie sociale... c'est vraiment très large."

Stève m'explique que dans cette filière, il enseigne pour des étudiants en français mais qui sont déjà bilingues ou trilingues : "Leur seconde langue peut être l'allemand, le portugais, le russe, le chinois, l'arabe. C'est vraiment très varié. Mais ce sont des étudiants qui ont quand même de l'appétence pour le droit et les langues.
Si j'aime ce que je fais ? Oui, sinon ça serait compliqué de tenir 25 ans (rires). Mais j'aime faire apprendre et j'aime apprendre... apprendre de mes collègues, apprendre de mes élèves, apprendre d'inconnus dans le tramway... J'espère que nous nous recroiserons, car j'aurai des questions à te poser sur ton projet qui m'intrigue.
Et puis, travailler au contact d'étudiants étrangers, c'est à la fois passionnant et extrêmement enrichissant humainement."

Je lui demande de m'apprendre quelque chose sur son métier : "C'est dur ta question ! Je vais surtout te parler de ce que je répète jour après jour à mes étudiants : À l'heure où l'IA arrive en force, où l'on commence à lui laisser le droit de nous répondre et de n'avoir qu'une seule réponse, il va devenir encore plus important de lire autre chose et de croiser les sources. Il faut, je pense, se méfier des algorithmes pour ne pas se faire berner et pouvoir avoir son propre libre-arbitre. C'est important de réfléchir aujourd'hui, malgré le fait que ce soit très utile pour nous, cet outil."

Stève m'explique aussi que parfois, dans son métier, il a l'impression de faire la garderie parce que dans les amphithéâtres où il peut avoir jusqu'à 500 élèves, avoir son téléphone ou les ordinateurs fait qu'en général ils ne suivent pas les cours : ils font autre chose : "Pour capter les étudiants et leur apprendre des choses, j'ai dû interdire téléphones et ordinateurs."

Mis à part son métier, Stève aime écouter de la musique : plutôt du rock alternatif, il aime les concerts, il aime lire, il aime passer du temps avec ses enfants.

Il n'aime pas : "Je n'aime pas le dogmatisme. Mais j'aime avant tout le respect, peu importe la couleur : le respect sous toutes ses formes !!"

"Es-tu heureux aujourd'hui ?
- Joker ! Pourquoi je te réponds joker ? Parce que la vie n'est pas toujours simple, on a tous nos petits malheurs, mais c'était sympa de te rencontrer et de bavarder avec un inconnu."

Le mot de la fin : "Merci pour ce moment dans un espace qui ne prête pas forcément à ce genre d'exercice, au plaisir de t'accueillir à la fac pour suivre un de mes cours."

Merci à toi, Stève, pour ce moment si matinal et au plaisir de venir assister à un de tes cours.

A.

  Bonsoir à tous, Vendredi dernier, j’étais dans le tram, et la rentrée étant particulièrement éprouvante, j’ai oublié mon carnet de notes, ...

 


Bonsoir à tous,

Vendredi dernier, j’étais dans le tram, et la rentrée étant particulièrement éprouvante, j’ai oublié mon carnet de notes, essentiel pour mes interviews. J’étais dégoûté ! Bon, je me suis dit que j’avais toujours mon téléphone pour prendre des notes ou enregistrer l’entretien, donc pas de panique. J’ai tenté plusieurs rames de tramway, mais je me suis rapidement rendu compte que sans mon carnet, il me manquait quelque chose d’essentiel, qui m’empêchait de mener une interview correctement. Finalement, j’ai dû accepter que je n’étais pas en condition pour aborder quelqu’un, perturbé par l’absence de mes habitudes. 

Pas grave, je travaille près d'Atlantis, donc j’irais acheter un nouveau carnet pendant ma pause déjeuner. Et sur le chemin du retour, je tenterais de rencontrer une ou plusieurs personnes.

Je vous présente Alex, 32 ans.

Dans la vie, Alex est comptable :  
"Ça fait déjà 9 ans que je fais ce métier ! Est-ce que j’aime ça ? Oui, ça va. C’est un travail, donc on ne va pas s’extasier non plus hein ! (rires) Mais j’y prends du plaisir, et c’est ce qui me différencie de certains qui, eux, n’aiment peut-être pas ce qu’ils font. Et vu le temps qu’on passe à travailler, autant apprécier ce qu’on fait, non ?"

Je lui demande ce qui lui plaît dans son métier de comptable :  
"La dimension humaine, la relation client, et aussi l’ambiance avec mes collègues."

Puis, je le questionne sur ce qu'il pourrait m'apprendre sur son métier :  
"Quand on pense à la comptabilité, on imagine souvent un truc ennuyeux… Mais une bonne gestion comptable, c’est la base saine d’une entreprise. Tu peux être le meilleur dans ton domaine, avoir une expertise incroyable, mais si tu ne sais pas gérer ta comptabilité, ton entreprise ne tiendra pas longtemps."

En dehors de son travail, Alex aime lire, aller au cinéma, jouer aux jeux vidéo et pratiquer la course à pied :  
"Je cours régulièrement, ça me fait un bien fou. J’ai d’ailleurs couru ce midi pendant ma pause déjeuner."

Il n’aime pas les réseaux sociaux ni la "TV poubelle" :  
"Je n’aime pas non plus les conventions sociales imposées, comme Noël et l’obligation de s’offrir des cadeaux, ou encore l’idée qu’il faut avoir des enfants avant un certain âge."

Je lui demande s’il est heureux aujourd’hui :  
"Ouais, carrément ! Pourquoi ? Je suis en bonne santé, mes proches aussi, j’ai ma famille près de moi, donc tout va bien, et je touche du bois pour que ça continue comme ça." (rires)

Le mot de la fin ?  
"Merci pour cet échange pendant ces quelques arrêts."

Merci Alex, et au plaisir de te recroiser dans le tram.


  Bonsoir, Après une pause estivale, il fallait bien que je reprenne le chemin du tramway. J'avais bien repris les transports en commun,...

 


Bonsoir,

Après une pause estivale, il fallait bien que je reprenne le chemin du tramway. J'avais bien repris les transports en commun, en compagnie de mon appareil photo, la semaine passée, mais impossible d'aller vers un(e) inconnu(e)... clairement pas motivé ! Bref, c'était de l'histoire ancienne quand j'aperçus, au fond de la rame, une jeune femme aux cheveux roses. (Je précise ce détail car cela ne se voit pas sur la photo, vu que je photographie en noir et blanc haha !)

Je vous présente Marine, 23 ans.

Dans la vie, Marine est vendeuse dans le monde du tissu : "Ça fait 2 ans que je fais ce métier et j'aime beaucoup ce que je fais. En fait, j'adore le monde de la couture, moi-même je couds, donc travailler au sein même de ma passion, c'est sympa. On rencontre des passionnés – oui, ce sont principalement des femmes mes clientes, mais il y a aussi des hommes – on apprend, on donne des conseils, des techniques… c'est top !  
Outre le fait que je travaille au contact de ma passion, j'aime le contact avec le client, les interactions humaines, et comme je te le disais juste avant, tout ce qui touche aux conseils et à l'échange de techniques.  
- Les clients viennent avec leurs projets et te demandent des conseils sur les tissus ?  
- Exactement.  
- Et c'est quoi le dernier projet original que tu aies entendu ?  
- Une cliente est venue prendre du tissu pour créer sa propre robe de mariée… super projet ! Ça change des tee-shirts et des sweats, haha."

Mon inconnue est passionnée de couture et aime son job, mais j'en profite pour lui demander son parcours : "J'ai fait des études de couture : stylisme et design textile. J'ai toujours été attirée par la création et le tissu, donc c'était une évidence de faire mes études dans ce domaine. Après un stage de 6 mois à Paris, je suis revenue dans la région pour travailler sur mes projets perso et, en parallèle, gagner un peu d'argent."

N'étant pas passionné par la couture, je lui demande de m'apprendre quelque chose sur son métier ou sa passion :  
"Sais-tu ce qu'est le ramie ? Eh bien, c'est une fibre d'ortie. On essaie de remplacer petit à petit le coton, car l'ortie a besoin de beaucoup moins d'eau.  
- C'est un critère pour les clients, l'écologie ?  
- Non, pas vraiment, car la plupart des tissus viennent de Chine ou d'Inde, mais si on explique la matière, parfois ça peut entrer en ligne de compte pour le choix d'un tissu."

Mis à part son métier, Marine aime, vous l'aurez deviné : "J'aime coudre (rires), dessiner, et tout ce qui est loisirs créatifs… Le sport ? Oui, il va falloir que je m'y remette (rires). Mais dès que j'ai un jour de repos, je ne peux pas m'empêcher de créer : couture, dessin.  
Ma formation, c'est créatrice de motifs sur impression de tissus, donc je crée à la main les motifs. Je n'aime pas créer sur ordinateur, donc j'y vais le moins possible. Je peins, je colle… dans le but de faire un motif qui me plaît."

Elle n'aime pas les brocolis et les gens malpolis : "Les clients qui claquent des doigts ou te sifflent pour que tu viennes les renseigner… comme si j'étais leur chien ! Ça, ça m'énerve…"

"Es-tu heureuse aujourd'hui ?  
- Oui ! Pourquoi ? Parce que je t'ai rencontré et que je trouve ton initiative super sympa, et aussi parce que je suis en vacances. Où je pars ? J'ai pris des billets pour Vienne, et après, je verrai sur place. Une première pour moi car je pars seule, mais je suis super excitée à l'idée, j'ai hâte."

Le mot de la fin ?  
"Merci !"

Merci à toi, Marine, c'était trop chouette d'apprendre des choses sur la couture. Au plaisir de se recroiser dans le tramway.

A.


  Bonsoir à tous, J'ai eu du mal à reprendre les interviews avec les différents conflits, un Président qui dissout l'Assemblée Natio...

 

Bonsoir à tous,

J'ai eu du mal à reprendre les interviews avec les différents conflits, un Président qui dissout l'Assemblée Nationale, le FN qui atteint un score si élevé dans les urnes, le manque de soleil, l'envie de vacances... Je dois dire que ma motivation était au plus bas. Je ne me suis pas exprimé sur le sujet du R-Haine, mais vous vous doutez bien qu'avec un tel projet, moi qui prône le vivre-ensemble depuis plus de 10 ans, ça m'a foutu un coup au moral. J'ai pris le tram avec mon appareil photo, mais je n'arrivais pas à interviewer un(e) inconnu(e). Jeudi dernier, j'étais dans le tramway, et un jeune homme portant un énorme sac militaire s'est installé en face de moi. Nos regards se croisent... Je m'imagine parler à un routard, qui va me raconter ses voyages, et je ne sais pas, j'ai eu envie de découvrir qui il était. J'avais mes écouteurs sur les oreilles, je ne perds pas de temps, je range tout et je l'aborde : il accepte.

Je vous présente Damien, alias Dam's, 27 ans.

Dans la vie, Damien est SDF : "10 ans que je suis à la rue pour dormir, et je travaille aux 5 Ponts. Je fais des petits jobs : ménage, service, cuisine, paysagiste. D'ailleurs, je suis paysagiste de formation donc je reviens à mes premiers amours !
- En CDI ?
- Non, en CDDI : Contrat D'insertion à Durée Indéterminée. Et c'est sympa de se rendre utile pour les autres, ça me plaît, ça m'occupe et je gagne de l'argent !" (rires)

Je suis surpris qu'un jeune homme de 27 ans me dise qu'il est à la rue depuis 10 ans. Curieux, je me permets de lui demander de me parler de son parcours si ça ne le dérange pas : "Non, pas de soucis ! Je n'ai pas été aidé, à vrai dire : père alcoolique, mère absente, je traînais pas mal, je faisais des petites bêtises. Seul, livré à moi-même, faut bien s'occuper.
Ah, je ne t'ai pas dit, je ne suis pas nantais, je viens de Rouen. J'avais une petite copine ici à Nantes, donc à 17 ans, j'ai décidé de partir et venir ici. Ma copine était en études et vivait chez ses parents, moi je n'avais personne, donc je dormais dans la rue, je faisais la manche, je fréquentais les haltes de nuit de temps en temps, mais j'ai toujours préféré la liberté. On s'est séparés et j'ai bougé, j'ai sauté dans des trains et j'ai voyagé : La Rochelle, Valence, Nîmes, Montpellier, je suis allé en Bretagne, je suis repassé un temps à Rouen... Mais ma ville de cœur, c'est Nantes. De quoi je vivais ? Pareil qu'ici : des petits boulots ou de la manche.
Mais Nantes a beaucoup changé, que ce soit démographiquement ou humainement. Quand je suis arrivé il y a 10 ans, il y avait de l'entraide, du dialogue, que ce soit avec la population normale et les autres SDF. Aujourd'hui, il n'y a plus d'empathie. Si tu dors seul dans la rue, tu as une chance sur deux de te faire agresser gratuitement, voler, alors que tu ne fais rien de mal : tu dors. Actuellement, je traîne avec un gars, un ancien, je l'appelle 'papa' car il est là depuis longtemps, et dernièrement il s'est fait tabasser alors qu'il dormait sous ses couvertures."

Damien me parle de son premier groupe d'amis, m'explique qu'ils étaient collés à la Mie Câline parce qu'il y avait une grille d'air chaud : "C'était la bonne époque, on était un grand groupe, on s'entraidait, on était soudés. Et puis la Mie Câline a fait sa terrasse pile dessus, forcément on les dérangeait, mais j'ai passé des moments géniaux avec cette bande à l'époque : on se protégeait.
- Vous auriez pu rester ensemble ?
- Oui, c'est ce qu'on a fait au début, et d'autres ont changé de ville, ont quitté la rue... Chacun sa route, je ne juge pas. Mais vers 2019, l'héroïne est arrivée massivement dans la rue à un prix faible, ça a décimé les SDF, les gens sont devenus fous."

On descend à Commerce pour terminer l'interview, et Damien me demande si je n'ai pas un brin de monnaie : "désolé, depuis le Covid, je n'ai jamais de monnaie... je paie avec mon téléphone !
- Tu vas rire, j'ai jamais de monnaie ! Sauf quand je fais la manche, mais dès que j'ai une petite somme, je fonce m'acheter à manger... Si je m'aperçois que j'ai de l'argent sur moi, je vais aller acheter à boire ou de la drogue. Je paie tout avec mon téléphone, moi aussi." (rires)
- Je n'ai pas de monnaie mais je peux t'offrir un café, ça te va ?
- Carrément !"

J'essaie de rester focus sur l'interview car l'histoire de Damien m'émeut et je ne peux m'empêcher de penser encore une fois qu'on ne naît pas tous égaux avec les mêmes chances dans la vie.

"Je reprends mes petites questions, Dam's. Qu'est-ce que tu aimes faire pour t'évader de cette rue ?
- J'aime parler aux gens, dessiner, le cinéma et les jeux vidéo. Bon, je t'avoue que le cinéma et les jeux vidéo, c'est un peu compliqué quand tu es dans la rue." (rires)

"Ce que tu n'aimes pas, ce qui te révolte ?
- L'injustice, l'humanité qui se perd dans notre société et le regard des gens envers les SDF : cette sorte de peur, ce mépris qu'on peut lire dans leurs yeux."

"Ma question va te paraître stupide, mais je la pose à tous mes inconnus : Es-tu heureux aujourd'hui ?
- Je suis plus bas que terre, je t'ai expliqué ce qui m'arrivait avec ma copine. On s'est séparés et j'ai le moral à zéro : j'ai eu des pensées plus que négatives. Déjà que la rue c'est dur psychologiquement, mais la perdre, ça n'aide pas à aller mieux.
- Déconne pas Damien, hein !
- Ça m'a fait du bien de te parler, donc je ne déconnerai pas. Regarde, il est 7h du matin, on est les deux seuls êtres humains à se parler sur le quai, les autres ont la tête baissée sur leur téléphone."

Le mot de la fin ?
"Vivez tous heureux et continue de parler aux gens, c'est chouette ton truc."

Merci Dam's, j'espère que nous nous recroiserons un de ces jours à Nantes.

A.

  Bonsoir à tous, J'ai eu un petit problème au pied qui m'a empêché de prendre le tramway la semaine dernière, j'ai donc décidé ...

 


Bonsoir à tous,

J'ai eu un petit problème au pied qui m'a empêché de prendre le tramway la semaine dernière, j'ai donc décidé de ne pas publier l'interview de mon inconnue du jour afin de pouvoir vous proposer un portrait cette semaine. Je m'excuse auprès de mon inconnue pour le délai plus long qu'annoncé lors de notre rencontre.

Je vous présente Sarah, 30 ans.

Dans la vie, Sarah est conseillère pénitentiaire depuis plusieurs années : "J'accompagne des personnes incarcérées une fois qu'elles ont été jugées et condamnées à une peine de prison ferme. Je suis là juste après que le verdict est rendu, mais aussi pendant et après l'incarcération. Pendant les entretiens que j'ai avec ces personnes, tout un travail est fait sur leur acte en lui-même, ce qui les a amenés au passage à l'acte et surtout pour comprendre leur parcours de vie. Une fois tout cela posé et compris, et que la confiance s'installe, on peut avancer et essayer de trouver une solution pour les aider.
Si j'aime mon métier ? Oui, clairement, c'est passionnant mais dur mentalement, cela demande une énergie folle et de l'empathie. Parfois, c'est épuisant car je suis environ 80 personnes, donc c'est une grosse charge mentale : on manque, comme partout, de moyens.
- Dur psychologiquement, j'imagine ?
- Comme tout métier où l'humain entre en ligne de compte, c'est juste que les parcours de vie sont pour beaucoup bien tristes, émouvants... On ne naît clairement pas égaux, dans la bonne famille, et la réalité est parfois bien brutale. Il faut réussir, en arrivant chez soi, à laisser de côté toute cette charge mentale et savoir se ressourcer."

Je lui demande de me parler de son parcours, comment devient-on conseillère pénitentiaire ?
"J'ai passé un concours de la fonction publique, une formation de deux ans à l'ENA, et j'ai été contractuelle en psychologie criminelle en Belgique : ça c'est pour la partie études/formations.
Pour ce job-là, j'ai simplement fait une demande spontanée, un peu par hasard, en arrivant sur Nantes." (rires)

Mis à part son métier, Sarah aime danser, lire, passer du temps avec ses proches : "Et les balades en pleine nature !"

Elle n'aime pas les choux de Bruxelles, les endives, jardiner : "Et les gens qui s'énervent en voiture, qui veulent en découdre quand tu klaxonnes... les chauffards quoi !" (rires)

Le mot de la fin ?
"Merci pour tout, Allan !"

Merci, Sarah, pour tes confidences sur ton métier, c'était passionnant. J'aurais aimé te poser d'autres questions, mais il fallait que je te laisse aller à ton cours de danse, haha ! Au plaisir de se recroiser dans le tramway.

A.

  Bonsoir à tous, J'ai eu un petit contretemps la semaine dernière qui m'a obligé à décaler l'interview de l'inconnu du jour...

 


Bonsoir à tous,

J'ai eu un petit contretemps la semaine dernière qui m'a obligé à décaler l'interview de l'inconnu du jour. Donc, la semaine dernière, en sortant du travail, je me suis précipité vers le tramway et, par manque de temps, j'ai décidé d'aborder la première personne qui entrerait dans la rame. Sans faire attention, j'ai abordé un inconnu : "L'inconnu du tramway, je te connais ! Tu m'as déjà interviewé il y a longtemps !" Je suis déstabilisé, je ne l'avais pas reconnu, je me suis dit que ça serait sympa de ré-interviewer un ancien inconnu.

Je vous présente Malick, 35 ans.

"Malick, où nous sommes-nous rencontrés ?
Ici même, à ce même arrêt ! (rires)
Dingue ! Alors, qu'est-ce qui a changé ? Où travailles-tu ?
Toujours au même endroit, je suis maintenant gestionnaire pour la même mutuelle agricole, alors qu'auparavant j'étais commercial. Professionnellement, ça a un peu changé. En quoi consiste mon travail ? Eh bien, je fais du Back Office, donc je m'occupe plutôt des entreprises et je suis plus en contact direct avec les assurés particuliers.
Ça te plaît ?
Oui. Comme je ne suis plus en contact avec les particuliers, je rencontre moins de souffrance et psychologiquement, ça me fait du bien. Parce que tous les jours, être confronté à une détresse physique, matérielle, financière, covid, etc... Le soir, quand tu rentres chez toi, ça peut être un peu lourd émotionnellement."

Je lui demande de m'apprendre quelque chose sur son métier.
"Une anecdote : une fois, j'ai répondu à une dame, je ne me souviens même pas de ce que je lui avais dit ou répondu, ni même du sujet de son appel. Mais plusieurs jours ou semaines plus tard, j'ai reçu un courrier de cette dame avec la mention à l'attention de Monsieur Malick. Cette personne ne connaissait pas mon nom, si ce n'est mon lieu de travail et mon prénom. Dans ce courrier, elle m'a remercié, comme je t'ai dit je ne sais plus pourquoi, mais ça m'a touché de savoir que cette dame que j'ai aidée à un moment a pris le temps de poser ses mots et d'envoyer ce courrier, et bien ça m'a touché. Je me suis dit que mon travail, parfois difficile, avait un sens."

Mis à part son métier, mon inconnu du jour aime le contact humain, passer du temps avec ses amis en terrasse, la course à pied et jouer aux sims : "J'adore ce jeu, je me suis acheté un nouvel ordinateur plus puissant rien que pour ça : mon exutoire!" (rires)

Il n'aime pas l'injustice et le manque de nuances dans notre société : "Aujourd'hui, tout est blanc ou noir, il n'y a plus de nuances de gris... ça manque d'empathie."

On discute avec Malick de notre précédente rencontre qui était avant le COVID et je lui demande comment ça s'est passé pour lui pendant cette période. "Mal ! (rires) En fait, je me suis séparé en janvier 2020, et on a passé le confinement ensemble tout en étant séparé... autant dire que c'était une période, comment dire, compliquée." (rires)

Le mot de la fin ?
"Je vais essayer de te dire un truc intelligent qui me correspond : vivre pleinement! Ça te va ?" (rires)

Merci Malick, c'était cool de te recroiser, j'ai remis le lien de notre précédente rencontre plus haut dans l'interview et j'espère que nous nous recroiserons et que je te reconnaîtrai cette fois-ci haha!

A.

  Bonsoir à tous, La semaine dernière, en allant au travail en tramway, j'ai croisé sur le quai d'Espace Diderot Christelle, une anc...

 


Bonsoir à tous,

La semaine dernière, en allant au travail en tramway, j'ai croisé sur le quai d'Espace Diderot Christelle, une ancienne inconnue que je recroise maintenant régulièrement. Nous parlons de la vie en général, partageons nos histoires, mais ce matin-là, nous avons ri... nous avons ri de ma tête pas réveillée, fatiguée d'une courte nuit passée sur mon ordinateur à jouer ou regarder une série, je ne sais même plus! Mais nous avons ri, c'est ce dont je me souviens le plus. Comme j'étais fatigué, j'ai eu la flemme de descendre à Hôtel Dieu et je suis resté dans la rame avec Christelle. J'ai décidé d'interviewer quelqu'un sur la ligne 3 du côté de Beauséjour. Je descends et j'attends, personne ne vient, je suis seul sur le quai... un tramway passe et une jeune femme arrive au bout du quai, je la fixe et m'approche d'elle en souriant.

Je vous présente Ludivine, 22 ans.

Dans la vie, Ludivine est en BTS Management Commercial en alternance :
"En quoi ça consiste? J'apprends à gérer des équipes, les budgets, les stocks d'une entreprise. Si ça me plaît? Carrément! J'ai toujours été attirée par le commerce dans sa globalité et j'ai un rêve.
- Si ce n'est pas indiscret, peux-tu m'en dire plus sur ce rêve?
- Oui, je me doutais bien que ça attiserait ta curiosité (rires).  Je rêve d'ouvrir ma propre librairie."

Je demande à Ludivine de me parler de son alternance : 
"J'effectue mon alternance à Burger King! Niveau gestion d'équipes, il n'y a pas meilleure école, je manage entre 4 à 10 personnes selon les équipes : c'est passionnant, enrichissant. L'humain, il n'y a pas mieux, que ce soit au contact des clients ou avec des collègues, même si ce n'est pas simple tous les jours, car il faut composer ; et bien c'est ce que je préfère faire.
- Peux-tu m'apprendre quelque chose sur ton alternance ou tes études?
- Ouep! J'ai appris en comptabilité à calculer un BFR (Besoin de Fonds de Roulements), faire les Bilans d'une entreprise et à utiliser un plan comptable."
Ceux qui ne me connaissent pas depuis longtemps ne savent pas qu'avant de travailler dans l'informatique, j'ai obtenu un BEP Comptabilité, et que ce plan comptable m'a hanté... Donc, quand je rencontre quelqu'un qui me cite un plan comptable, cet objet maudit, souvent on en rit!

Mis à part son BTS, mon inconnue du jour aime passer du temps avec ses amis :
"Voulant ouvrir une librairie, tu te doutes bien que j'aime lire et écrire! Je suis une dingue de lecture, je lis en moyenne 10 livres par mois. Mon livre actuel? 'The Perfect Fall' de Lyla Mars.
- Tu écris, donc?
- Oui, j'écris un roman actuellement."
Ludivine me raconte avec passion son roman, l'univers dystopique, ses personnages et cette petite dose d'amour qui la fait vibrer. Je ne vous raconte pas pour ne pas qu'on lui vole son idée, mais je trouve ça extraordinaire de l'entendre me narrer son œuvre.

Elle n'aime pas le mensonge, se lever si tôt pour aller travailler : "une torture!" (rires)

"Es-tu heureuse aujourd'hui, maintenant?
- Oui! Tous mes projets se goupillent parfaitement, donc pas de raison d'être malheureuse."

Le mot de la fin?
"C'était agréable de commencer la journée en parlant avec un inconnu."

Merci Ludivine et au plaisir de se recroiser dans une rame de tramway, sur un quai, ou dans ta future librairie.

A.

  Bonsoir à tous,  Je suis de retour ... avec les ponts de mai et d'autres choses à gérer, il y a eu une semaine de battement sans inter...

 


Bonsoir à tous, 

Je suis de retour ... avec les ponts de mai et d'autres choses à gérer, il y a eu une semaine de battement sans interview. La semaine dernière je n'ai pu réaliser qu'une interview : la voici donc ce jour ! J'ai à prendre le tramway deux fois durant la semaine, alors j'espère faire carton plein afin de vous proposer plusieurs interviews prochainement. Après avoir essuyé un refus j'aborde un homme qui se réjouit d'une telle démarche mais n'a qu'un arrêt à me consacrer ... Heureusement pour moi on a pu terminer cette interview sur le quai.

Je vous présente Glorio, 32 ans.

Dans la vie Glorio est éducateur sportif : " Je fais ce job depuis 2019 et c'est une vraie passion ! J'encadre des jeunes depuis longtemps, depuis 2008 plus précisément. J'ai toujours aimé ça : que ce soit dans des associations ou des clubs sportifs. Donc avoir pu en faire mon métier a été une joie immense pour moi  ! Aujourd'hui je travaille à Piriac sur Mer, j'entraîne des jeunes dans un club de foot. 
- Tu encadres quel public ?
- J'entraîne des petits footballeurs de 5 ans jusqu'à des ados de 17 ans. 
Ce qui me plait dans mon métier ? Le foot, la compétition, je suis un passionné ! (rires) Le sport bien evidemment, le contact avec les jeunes et la transmission de valeurs : que ce soit des valeurs sportives, de discipline, d'engagement, ou encore des valeurs citoyennes ; car le foot c'est un sport mais c'est aussi un groupe : vivre ensemble ! "

Je lui demande de m'apprendre un truc sur son métier ?
" Ne jamais dénigrer un jeune sportif, car un joueur débutant ou moyen peut devenir un joueur très fort, il faut juste croire en lui ! Enseigner le sport ce n'est pas qu'autour de la technique mais c'est aussi donner envie au jeune de se dépasser ; et ne jamais le mettre de côté pour qu'il ne perde pas confiance.
Le pire pour moi est de voir un jeune sur le banc, démotivé, en totale perte de confiance ! Parfois un bon mot, l'empathie de manière générale, c'est plus important que le résultat. C'est un métier Humain et c'est ce qui me donne du sens tous les jours. " 

Mis à part son métier Glorio aime la musique, lire et écrire : " J'aime écrire ! J'écris sur l'Amour, de la réflexion philosophique, des pamphlets et aussi des réinterprétations des classiques. C'est mon petit exutoire, j'ai toujours aimé les mots. 
- Autre chose que tu aimes - même si c'est déjà pas mal ?
- J'aime la famille, je suis d'ailleurs venu voir ma maman aujourd'hui ! Et aussi des membres de ma famille, donc je fais d'une pierre deux coups, vu que j'habite Piriac sur Mer.
Et puis j'aime la mer, donc quand l'opportunité de ce job à Piriac s'est présentée, je n'ai pas hésité une seconde. " 

Mon inconnu du jour n'aime pas l'injustice, la mauvaise foi : " Les conflits actuels : Ukraine, Gaza, en RDC, en Angola ... ça m'attriste profondément ! " 

"Es-tu heureux aujourd'hui ?
- Ouais ! Pourquoi ? Et bien il y a à peine 10 minutes j'avais mon petit neveu dans les bras, j'étais entouré de ma famille, on a rigolé ... ça m'a fait un bien fou ! Donc là, tout de suite, j'ai pris une bonne dose d'Amour familial donc je suis pleinement heureux. " 

Le mot de la fin pour terminer cette interview ?
" Idée géniale ! Je crois que je n'avais jamais réellement parlé avec un inconnu dans le tramway et encore moins sur ma personne ... C'est étrange au début, et ça fait du bien ! Continue c'est un chouette projet. " 

Merci Glorio et j'espère qu'un jour nous nous recroiserons dans le tramway ou à Piriac-Sur-Mer, qui sait !


A.

  Bonsoir à tous, La semaine dernière, je n'ai pu interviewer qu'un inconnu et ce n'est pas plus mal, car cela m'a permis de...

 


Bonsoir à tous,

La semaine dernière, je n'ai pu interviewer qu'un inconnu et ce n'est pas plus mal, car cela m'a permis de me remettre tranquillement du temps fort du week-end dernier avec l'exposition Place à Commerce. Je tenais à remercier les personnes sympathiques, bienveillantes et anciens inconnus que j'ai rencontrés/croisés lors de cet évènement. Il a fait beau et la fête était des plus belles ! J'ai gagné de nombreux followers sur Instagram et je me rapproche toujours un peu plus de ma future expatriation à Dubaï pour devenir influenceur mode, hahaha !

Bref, revenons à l'inconnu du jour. Je l'ai abordé sur le quai du tramway à Rezé en partant de chez moi. Pourquoi lui ? Déjà, nous étions seuls sur le quai et il portait une tenue orange fluo arborant le logo Nantes Métropole. Ça ne se voit pas sur la photo, mais croyez-moi, ça se voit surtout au lever du soleil à 6h30 :D

Je vous présente Kevin, 30 ans.

Dans la vie, Kevin est maçon paveur : "Comme indiqué sur ma tenue pour Nantes Métropole, depuis 1 an. J'aime mon métier car c'est un métier manuel et travailler au sein d'une collectivité, ça a un sens pour moi. En quoi ça consiste ? C'est la voirie dans la ville, donc je fais des reprises de trottoirs, des enrobés, du pavé nantais, etc. Avant, je travaillais dans le privé et la cadence, les horaires interminables devenaient compliqués pour la vie de famille, vu que je suis jeune papa... Donc, quand j'ai eu l'opportunité de me faire embaucher par la Métropole, je n'ai pas hésité une seconde, car avoir ses weekends et profiter de sa famille, ça n'a pas de prix. Ce que je faisais avant ? Oulala, j'ai été chapiste pendant 3 ans, je réalisais des chapes liquides pour des particuliers, j'ai aussi travaillé dans la charpente métallique... J'ai toujours aimé travailler avec mes mains."

Je lui demande de m'apprendre un truc sur son métier ?
"Le pavé nantais, c'est un pavé carré que l'on voit principalement à Nantes, comme son nom l'indique, et que l'on pose sur du sable. Une rue typique où l'on voit ces pavés nantais ? Le cours Saint-Pierre, là clairement, il n'y a pas plus parlant."

Mis à part son métier, Kevin aime se balader avec son fils, regarder ses séries et des films – en ce moment il regarde pour la 5ème fois Breaking Bad – et les sorties dans la nature : "Je suis un gars de la campagne, je viens d'un petit village à côté de Cholet et j'ai dû m'acclimater à la grande ville ! (rires) Cela n'est pas simple au début, la foule du centre, dans les boutiques... Aujourd'hui, ça fait un an que j'habite ici et je commence seulement à bien le vivre."

Il n'aime pas le climat politique actuel : "Parfois je me demande où va le Monde, que laisserons-nous à nos enfants !"

"Es-tu heureux aujourd'hui ?
- Il est tôt, mais oui, je suis heureux !
- Pourquoi es-tu heureux ?
- Parce que je suis papa et que tout va bien niveau perso et pro."

Le mot de la fin ?
"C'était sympa, c'est une première pour moi de parler avec un inconnu dans le tram. Je crois que je t'avais déjà aperçu dans le bus le matin."

Merci Kevin et au plaisir de se croiser à Rezé ou dans le tramway.

A.


  Bonsoir à tous,  Je suis de retour après des vacances prolongées pour de multiples raisons et pas forcément très joyeuses... bref ! Une in...

 


Bonsoir à tous, 

Je suis de retour après des vacances prolongées pour de multiples raisons et pas forcément très joyeuses... bref ! Une interview Un témoignage un peu spécial aujourd'hui, car il m'était déjà arrivé de recroiser des anciens inconnus dans le tramway et de leur proposer une seconde interview en mode : " que deviens-tu ? " 

Donc quand j'ai repris le projet après cette fameuse pause de 3 ans - CovidParty - j'ai reçu un message  sur Instagram d'une ancienne inconnue : Janis, rencontrée en 2013 sur le quai du tram, un matin tôt... trop tôt haha !

Ce message était énigmatique et même si je ne l'ai pas retrouvé pour vous le retranscrire fidèlement, cela disait quelque chose comme ' ta reprise des interviews dans le tramway signe pour moi comme une évidence dans mon combat où je commence moi aussi à reprendre le tramway. ' 
Son message avait attisé ma curiosité et j'en voulais plus : je voulais savoir ce que Janis était devenue. 10 années s'étant écoulées, je trouvais ça génial d'avoir des nouvelles de mes anciennes/anciens inconnus. J'ai d'ailleurs déjà interviewé d'anciens inconnus recroisés dans le tramway, donc Janis étant l'une des premières, cela me paraissait couler de source.

Janis et moi échangeons pour caler un petit rendez-vous, mais les jours, semaines passent ... un coup je peux mais pas Janis, et inversement ! 2023 s'écoule et nous n'avons toujours pas réussi à nous voir. On prenddes news de temps en temps et on finit enfin par trouver un moment : la date est posée, le lieu : Beauséjour. 

Janis m'avait expliqué son message énigmatique en privé, mais je ne souhaitais pas, de prime abord, en faire l'élément central de notre rencontre. On trouve une place dans un petit bistrot proche du tram et ça me fait plaisir de savoir que je prends un verre avec une inconnue interviewée en 2013 : 11 ans, c'est dingue. 

" Donc Janis, que deviens-tu ?

- Et bien ça va aujourd'hui, j'ai quitté l’hôpital, j'ai 45 ans et ma vie a changé en 11 ans. On ne va pas tourner autour du pot sur mon passé. Ma situation a changé en 11 ans à cause d'un événement qui m'est arrivé en 2014 et il serait bizarre de ne pas l'évoquer : j'ai été violée ! 
Et ça a été et c'est encore un combat !  Quand j'ai vu que tu reprenais l'Inconnu du Tramway, alors que je commençais petit à petit à reprendre les transports en commun, j'ai trouvé que c'était symbolique et ça m'a rappelé cette interview trop matinale que l'on avait eu : un bon souvenir. (rires)
Je vais te raconter cet événement et tu vas comprendre aujourd'hui où j'en suis, 10 ans après. Après ce viol, je l'ai occulté comme une forme de déni : je l'avais enfoui en moi et je me pensais plus forte que ça plutôt que me morfondre sur mon sort. Mais en 2015, je prends le tramway et je ne sais pour quelle raison je fais une attaque de panique dans la rame avec l'impression d'étouffer. Et là, mon traumatisme me pète à la gueule. Je deviens paniqué à l'idée même de croiser des gens, je développe des troubles anxieux et de l'agoraphobie. Je ne peux presque plus sortir de chez moi, je ne te parle même pas de prendre le tramway : impossible pour moi, je suis comme prisonnière. Je ne pars plus en vacances, prendre la voiture et l'autoroute est angoissant car je suis prise au piège s'il m'arrive quelque chose, prendre le train c'est comme le tramway : coincée.
Travailler devient compliqué, une aide soignante qui n'arrive pas à s'aider elle-même, comment aider les autres ? Je découvre l'envers du décor, je me retrouve patiente à consulter des praticiens et je fais connaissance avec le monde de la santé mentale. Aujourd'hui il y a du mieux, mais y a 10 ans ce n'était pas glorieux. Me voilà à commander du CBD sur des sites en Suisse, à espérer que la douane n'intercepte pas ce petit produit qui me fait un bien fou... Quand tu penses qu'aujourd'hui on en achète facilement : c'est une petite victoire pour moi. 

- Je vais demander un truc peut-être stupide, mais as-tu porté plainte ? 

- Ce n'est pas stupide et tu as raison de poser la question. En 2022, j'ai pris mon courage à deux mains et je suis allée voir la police ... Bon, je t'avoue que je ne porte pas une grande estime à l'uniforme et quand je dis que je suis allée voir la police, ce n'est pas tout à fait exact. En fait, j'ai porté plainte en ligne et une policière m'a contactée pour m'écouter et elle m'a dit d'emblée : "je vous crois !"
Tu ne peux pas savoir comme ça fait un bien fou d'entendre ces mots, mais il était impossible pour moi d'aller à Waldeck Rousseau (ndlr : l'hôtel de police) car il y a trop de monde : mon agoraphobie m'empêchait alors de passer la porte. On a donc convenu avec cette policière d'un commissariat plus petit et j'ai pu échanger. 
Mon agresseur n'étant plus très jeune, il feindra la perte de mémoire, ça prendrait du temps, de l'énergie que je n'ai pas - que je n'ai plus - et aussi cela coûterait de l'argent... Cette policière ne m'a pas découragée mais elle m'a juste expliquée la réalité de la chose et j'ai choisi de ne pas aller au bout. Attention, ça a été très dur à entendre et à prendre la décision, j'ai éprouvé de la colère, de la haine... ça a été encore une épreuve à surmonter, une sorte de double peine.
Entre-temps je me suis reprise en main, je vais mieux, je travaille auprès de la petite enfance à mi-temps et sophrologue l'autre moitié de mon temps. J'ai essayé tout ce qui était imaginable dans mon parcours du combattant et un des seuls trucs qui m'ont aidée est la sophrologie, donc c'est pour moi une évidence que d'aider à mon tour. J'ouvrirai mon cabinet prochainement. Pour le moment je me déplace ou je travaille à domicile. Si on m'avait dit il y a 11/12 ans que j'arrêterai l'Hôpital pour devenir sophrologue...
Certes c'est différent de mon boulot d'aide soignante mais la finalité est la même : aider les gens. "

Deux heures ont passées, et malgré son histoire qui m'attriste profondément, je vois une femme battante et contente de ce qu'elle a accompli. Comme je le dis souvent, j'ai repris l'Inconnu du Tramway car j'avais besoin de croire en l'Humain de nouveau. Je ne fais pas ça pour la gloire ou pour les vues, seulement pour les rencontres, mais lorsque j'écris cette interview, ma foi en l'Humanité est un peu blessée.
Je suis papa d'une jeune fille, et je m'inquiète pour elle - limite stressé - quant au comportement des garçons, des hommes... donc en plein MeToo et en écrivant cette interview, les mots de Janis résonnent encore plus en moi. 

Merci Janis pour ton témoignage et j'espère sincèrement que l'on pourra se recroiser dans une rame de tramway. 



  Bonsoir à tous, À l'origine, j'avais prévu de me rendre à la chasse au nouveau tramway, mais le travail m'a retenu, ce qui m&#...

 


Bonsoir à tous,

À l'origine, j'avais prévu de me rendre à la chasse au nouveau tramway, mais le travail m'a retenu, ce qui m'a fait manquer le passage du tram que mon informateur m'avait signalé ! Sans perdre de temps, je n'avais qu'une seule envie : rentrer chez moi, car un mal de tête persistait depuis plus de deux heures. Alors que je montais à bord de la rame, j'ai remarqué un jeune homme très élégant, vêtu d'un costume. Intrigué par cette tenue peu commune mais très élégante, j'ai décidé d'en apprendre davantage sur cet inconnu, espérant que cela me soulagerait de mon mal de tête.

Je vous présente Diogo, 21 ans.

Dans la vie Diogo est vendeur en libre service : " Je travaille pour une entreprise de plomberie, sanitaire, chauffage et je fais de la vente/conseil auprès des clients. 
Si j'aime ce que je fais ? Oui, j'adore la relation avec les clients c'est très enrichissant mais clairement ce n'est pas mon corps de métier. " 

" Comment ça ce n'est pas ton corps de métier ? Tu faisais quoi avant ?
- En fait, disons plutôt que j'ai été mal orienté et que ce n'était pas vraiment vers quoi je souhaitais me diriger comme métier. J'aurais aimé travailler dans le digital : web design, conception de sites web, etc... 
- Ah oui, rien à voir. 
- Oui je suis un peu déçu car j'ai cru une prof qui m'a dit que pour travailler dans le digital il fallait être bilingue.
- Euh, sérieux ?
- Oui ... Et je l'ai crue ! Mais ce n'est pas grave, c'est un mal pour un bien car je continue de travailler sur des projets persos et j'ai rencontré, dans le cadre de mon travail, qui va me permettre de me mettre à mon compte pour développer ce que je rêve de faire depuis longtemps. " 

Je lui demande de m'apprendre un truc sur son métier ?
" Dans les pompes à chaleur il y a un compresseur qui compresse un fluide, ce fluide ensuite permet de chauffer de l'eau, et une fois l'eau chaude passée, elle repasse dans un détendeur pour refroidir. 
Bon je schématise à la volée, c'est vraiment un truc résumé au plus simple ! (rires)
- Oui parce que je t'avoue que de prendre des notes d'un truc aussi technique c'est pas simple haha ! "

Mis à part son métier Diogo aime aller au cinéma jouer aux jeux vidéo - il joue à Warzone, comme moi d'ailleurs - et son coloc qui danse beaucoup lui apprend la Bachata : " Je connais quelques pas et je dois dire que j'aime beaucoup danser. " 

Il n'aime pas les gens hautains et la hausse des prix : " L'inflation pour nous les jeunes, franchement c'est dur ! "

" Es-tu heureux aujourd'hui ?
- Honnêtement, cela pourrait être mieux. " 

Le mot de la fin ? 
" Un échange très agréable. " 

Merci Diogo j'espère que l'on se recroisera dans le tramway ou sur un champ de bataille dans Warzone haha !


A.

  Bonsoir à tous, Petit challenge du jour : interviewer un(e) inconnue dans le nouveau tramway. Grâce à un agent infiltré, je connais les ho...

 


Bonsoir à tous,

Petit challenge du jour : interviewer un(e) inconnue dans le nouveau tramway. Grâce à un agent infiltré, je connais les horaires de passage de ce nouveau tramway : j'attends donc à Commerce de l'apercevoir au loin avant d'aborder quelqu'un. Lorsque j'aperçois le tram arriver j'aborde un jeune homme sur le quai, et à mon grand étonnement il refuse direct : " Non ça ira ! " 
Le tramway arrive je n'ai pas le temps de réfléchir, je monte dedans, il est blindé. Je n'aborde plus trop quand les rames sont bondées car, d'expérience, ils refusent. J'observe, je ne sais pas quoi faire et puis les gens autour de moi descendent et je me retrouve face à un homme plongé sur son téléphone et qui joue : allez je tente !

Je vous présente Auguste, bientôt 30 ans.

Dans la vie mon inconnu est agent de développement pour la Ligue d'Aviron des Pays de la Loire : " En quoi ça consiste ? Je mets en place des ateliers dans la région pour faire connaitre ce sport, j'anime aussi des club d'AviFitness - du rameur pour faire simple, du renforcement musculaire pour les adhérents, et j'organise des compétitions d'aviron bien évidemment, pour les 11-15 ans. 
J'aime beaucoup ce métier mais je pense que je changerai prochainement car cela prend énormément de temps, je bosse sur une grande amplitude horaire et c'est contraignant pour la vie perso : je suis amené à travailler les soirs et les week-ends. " 

Quand je demande "Apprends-moi un truc sur ton métier ? Auguste me dit qu'il est trop tôt pour y réfléchir :
- Là je ne vois pas, c'est dur ! 
- Parle-moi de ton parcours et ce que tu souhaites faire après ?
- En fait, je viens du socio-culturel ; je bossais à Angers pour l'équivalent de l'Accoord. Donc plutôt dans l'animation. Et je réfléchis si c'est ce que je souhaite faire. C'est pas simple comme décision à prendre et puis j'aime beaucoup ce que je fais donc je ne sais pas trop. " 

" L'aviron une passion ? 
- Pas du tout ! (rires) En fait j'aime surtout le football ! Ce métier m'a permis de découvrir ce sport et c'est clairement un chouette sport. " 

Mis à part son métier Auguste aime le sport de manière générale, passer du temps avec ses amis et les jeux vidéos - en ce moment il joue à Baldur's Gate 3.

Il n'aime pas : " Je me répète, mais il est clairement trop tôt ! (rires) Mais dans le fond je suis assez tolérant donc je n'accorde pas d'importance aux choses que je n'aime pas. " 

" Es-tu heureux aujourd'hui ?
- Ouais, ça va ! Y a pire que moi mais je ne suis pas non plus au max du bonheur. " 

Le mot de la fin ? 
" C'était cool comme rencontre, un concept marrant. " 

Merci Auguste et j'espère que nous nous recroiserons dans une rame de tramway, ancienne ou neuve hein ! 


A.


  Bonsoir à tous, Je suis sur le quai en train d'attendre, je suis parti du travail plus tard que d'habitude. Je découvre un terminu...

 


Bonsoir à tous,

Je suis sur le quai en train d'attendre, je suis parti du travail plus tard que d'habitude. Je découvre un terminus de la ligne 3 bondé d'usagers : les yeux rivés sur leurs smartphones pour certains, leurs écouteurs vissés sur les oreilles pour d'autres. Je laisse partir le tramway, je prendrai le suivant : je ne suis pas pressé. J'aperçois un jeune homme assis sur le banc, jouant sur son téléphone et n'ayant pas l'air de vouloir monter dans le prochain tram qui s'apprête à partir, je décide de l'aborder.

Je vous présente Mohamed Ismael, 27 ans.

Mon inconnu du jour parle mal le français et ne me donne pas son âge mais son année de naissance : "Je suis né en 1997. Je ne parle pas très bien français mais je vais faire un effort pour toi.
- Que fais-tu ici ?
- Je sais pas trop, je me balade.
- Que fais-tu dans la vie, Mohamed Ismael ?
- Je ne travaille pas, je voudrais apprendre un métier... peu importe lequel, je veux juste travailler."

Je comprends que le parcours de mon inconnu n'est pas banal et je lui demande de me raconter son histoire : "Je viens du Soudan, j'ai fui mon pays à cause de la guerre. J'ai fui en voiture jusqu'au Tchad à Kana, puis de là, direction la Libye en voiture. Ensuite, j'ai pris un petit bateau pour traverser jusqu'en Italie. J'y suis resté 10 jours, puis j'ai pris le train pour arriver en France. C'était long, difficile, ça m'a pris 2 ans. Mais je suis en vie et en France : ça pourrait être pire."

Je demande à mon inconnu ce qu'il faisait au Soudan comme travail ? "J'étais électricien."

Parle-moi de ta vie ici : 
"Ça va, il ne faut pas se plaindre, je suis bien ici.
- Tu dors où ?
- Ça dépend, parfois dans la rue, parfois dedans.
- Tu manges à ta faim ?
- Des fois je mange, des fois je ne mange pas, mais ce n'est pas grave, c'est comme ça. Mais les Français sont gentils, ça fait du bien au moral et puis j'ai quelques amis ici avec qui on parle. Je me suis fait des amis ici, des Soudanais, des Guinéens, et on s'aide comme on peut."

Au cours de cette discussion, qui diffère beaucoup d'une interview aujourd'hui, je prends en pleine face une vérité bien triste, celle d'un jeune homme qui a fui son pays. Je suis un peu, voire très déstabilisé ; je suis épaté par son sourire et sa joie de vivre, surtout quand je lui demande ce qu'il aime : "Le football et le Real de Madrid. J'aime aussi la musique, danser, vivre ! Mais je n'aime pas la guerre."

"Es-tu heureux aujourd'hui ?
- Oui, ici c'est bien, les gens sont accueillants, gentils ; et je n'ai pas croisé que des gens gentils je te le dis."

Le mot de la fin ?
"Je suis content que tu aies parlé avec moi aujourd'hui."

Merci, Mohamed Ismael, j'espère que nous nous recroiserons un de ces jours.


A.


Alors qu'aujourd'hui, le 23 avril 2024, des femmes, des hommes et des enfants ont perdu la vie en tentant de traverser la Manche, le récit de Mohamed Ismaël résonne encore plus profondément en moi. Je ne peux m'empêcher de penser que si nous étions à leur place, nous aurions fait de même : fuir dans l'espoir de vivre et/ou d'un avenir meilleur.

  Bonsoir à tous,  Après avoir interviewé le conducteur du tramway dans lequel je suis assis, une place est vide en face de moi alors j'...

 

Bonsoir à tous, 

Après avoir interviewé le conducteur du tramway dans lequel je suis assis, une place est vide en face de moi alors j'attends naturellement que quelqu'un s'y installe pour être ma prochaine victime : je suis machiavélique, j'aime tendre des pièges ! Un homme prend place face à moi et je m'approche doucement pour lui dire qui je suis et ce que je fais... La suite, vous vous en doutez : il accepte.

Je vous présente Mouloud, 56 ans.

Dans la vie mon inconnu du jour est en reconversion professionnelle : " Je viens de terminer un stage en immersion dans la réparation/remise en état d'ordinateurs et j'ai adoré. J'aime le côté de remise en état, l'aspect éco-responsable et je dois dire que l'idée de décrocher ce CDI me ravirait à merveille. Que ce soit un temps partiel ou un temps plein, moi tant que je travaille ça me va. 
- Comme tu fais un stage, ça n'est pas encore ton métier. Que faisais-tu avant ? Quel est ton parcours ?
- Je suis arrivé en France en 2018 et j'ai travaillé rapidement dans une entreprise de recyclage de papier, j'aime ce qui se recycle comme tu peux le voir. (rires)
- Et tu faisais quoi avant d'arriver en France ? 
- J'étais gardien de prison en Algérie. "

Malheureusement pour moi, les arrêts s’enchaînent et malgré mon espoir d'aller assez vite pour revenir sur son passé de gardien de prison, ce ne sera finalement pas le cas ; j'espère lors d'une prochaine rencontre, sait-on jamais.

Je lui demande de m'apprendre un truc sur son stage en immersion : " Ma crainte c'était surtout de savoir si le poste était adapté aux personnes handicapées car je souffre du dos donc c'est un critère important pour moi. 
- Et c'était adapté ?
- Oui tout à fait, ça m'a rassuré. Il ne reste plus qu'à me faire embaucher !" (rires)

Mis à part le fait de travailler, mot que me répète plusieurs fois mon inconnu du jour, Mouloud aime les balades, les randonnées, le cinéma, lire, aller au théâtre : " Et j'aime la nature, passer du temps à la campagne, j'aime le dépaysement. La nature me rappelle la Kabylie : j'habitais un petit village de montagne en Algérie et j'ai toujours aimé la nature. Et ici en France il y a des superbes campagnes, dépaysantes et ressourçantes pour moi. " 

Il n'aime pas la politique mondiale et la perte d'Humanité : "Nos sociétés deviennent de plus en plus individualistes alors qu'on a tous à gagner à être soudés, ensemble." 

"Es-tu heureux aujourd'hui ? 
- Oui.
- Pourquoi ?
- C'est l'Aïd, c'est une fête chez nous ... D'ailleurs c'est un jour férié pour nous les musulmans, mais pas n'importe quel jour férié : c'est un jour de partage, on voit du monde, on dîne en famille : ce soir j'ai mes neveux à manger. La plupart de ma famille est encore en Algérie, mais heureusement pour moi j'en ai quand même ici aussi. " 

Le mot de la fin ?
" Paix ! Et je rajouterais aussi pas de guerre ! 
On a déjà assez avec les maladies, donc vivons heureux et en paix ... Tu sais la paix ça se cultive en permanence, c'est dur, ça demande de l'énergie mais ça en vaut la peine car en une fraction de seconde le mal peut réduire cette paix à néant. " 

Une dernière question Mouloud : "Tu retournes bientôt en Algérie ?
- J'aimerais bien, mais depuis mon arrivée en 2018 je n'ai pas pu y retourner ... j'espère bientôt car 6 ans loin de sa famille, c'est long. " 

Merci Mouloud pour ta sincérité, ton sourire et j'espère que nous nous recroiserons.


A.




  Bonsoir à tous, J'étais sur le quai et j'ai ce commentaire  d'un lecteur lu sur facebook il y a peu  qui résonne dans ma tête ...

 


Bonsoir à tous,

J'étais sur le quai et j'ai ce commentaire d'un lecteur lu sur facebook il y a peu qui résonne dans ma tête ...

Il est vrai que cela fait longtemps que je n'ai pas interviewé quelqu'un de la SEMITAN. Allez banco, j'aperçois sur le bout du quai un conducteur qui attend son tramway ... Normalement il devrait partir dans 9 minutes, ça va être court mais tant pis on tente, et parfois ils laissent leur cabine ouverte pour qu'on termine l'interview le temps d'un arrêt ou deux. 

Je vous présente Gregory, 38 ans.

Dans la vie Gregory est conducteur de bus et tramway : " Je suis conducteur de bus depuis 9 ans et de tramway aujourd'hui. (rires)
- Comment ça aujourd'hui ? 
- Après 9 ans en tant que conducteur de bus, j'ai suivi une formation de 22 jours pour devenir conducteur de tramway et aujourd'hui c'est le grand jour. Donc une fois dans le tramway je me concentre et je ferme la porte de la cabine.
- Mince, moi qui croyais que j'aurais pu prolonger l'interview avec toi ... je crois que je vais te laisser tranquille haha ! Donc pourquoi conducteur de bus/tram ?
- J'aime l'autonomie qu'offre ce métier, la responsabilité que ça demande car on transporte les gens. 
- Tu te sens utile ?
- Oui c'est tout à fait ça : utile pour les gens et c'est valorisant. " 

Je lui demande de m'apprendre un truc sur son métier de conducteur de tramway ?
" Les signaux ferroviaires ... On doit connaitre tout un tas de panneaux et de règles liés au ferroviaire comme les SM (sigles mécaniques), TR (Sigles de trafic restreint), les espacements ... " 

Mis à part son métier, Gregory aime le foot qu'il pratique et le nautisme dans son ensemble : " J'aime la pêche, la pêche sous marine, le bateau, faire du jet-ski. " 

Il n'aime pas les incivilités, le manque de respect. 

"Es-tu heureux aujourd'hui ?
- Oui. Je suis en vie, en bonne santé donc aucune raison de me plaindre. " 

Le mot de la fin ? 
" Et bien je vais prendre mon premier service, on part dans 2 minutes donc je vais devoir me concentrer et fermer ma cabine, merci. " 

Merci à toi Gregory et au plaisir de se recroiser dans le tramway.


A.




  Bonsoir à tous, La semaine dernière sur le même trajet j'ai interviewé 2 inconnus et c'était une chouette expérience ; surtout si ...

 

Bonsoir à tous,

La semaine dernière sur le même trajet j'ai interviewé 2 inconnus et c'était une chouette expérience ; surtout si tôt le matin ! Moi qui me plaignais la veille sur Facebook d'être fatigué, je me suis surpris avec un élan de motivation, j'étais plus déterminé que jamais, haha ! 

Je vous présente Simon, 28 ans.

Dans la vie Simon est cordonnier-bottier : " 10 ans que je fais ce métier et je l'adore toujours autant ! J'ai toujours eu la passion de la chaussure, le travail du cuir. D'autant plus que je suis spécialisé dans la chaussure orthopédique, donc sur-mesure : je me sens d'autant plus utile car mon métier prend alors encore plus son sens. 
Mon parcours pour devenir cordonnier-bottier ? J'ai fais un lycée général, mais j'avais envie d'un travail manuel donc j'ai intégré les Compagnons du Devoir avec une spécialité "métiers du cuir" : c'est un CAP en 2 ans. A la fin de ce CAP j'ai cherché un emploi et j'ai vu l'annonce de quelqu'un qui cherchait un cordonnier à la Réunion. Le contact est passé tout de suite avec cette personne, mais je n'avais pas les moyens pour m'y rendre : les billets d'avion sont hors de prix pour un jeune qui sort de CAP, et puis il fallait encore que je me loge ... J'explique ma situation, il me dit alors 'je m'occupe de tout'. Il m'a trouvé un logement et m'a payé des billets d'avion. C'est ainsi que je suis devenu donc cordonnier à La Réunion. C'était un CDD d'un an qui s'est super bien passé, mais mes proches et ma famille me manquaient, donc je suis revenu en Métropole. Mais c'était une superbe expérience. " 

Je lui demande de m'apprendre un truc sur son métier de cordonnier ?
"Sais-tu que, dans le luxe, les lacets sont fait à la main ? D'ailleurs, dans le luxe tout est fait à la main : renforts en cuir, semelles, etc. " 

Mis à part son métier Simon aime écouter de la musique mais aussi en faire car il apprend la guitare, l'escalade, les sorties avec les potes : " Et le tattoo ! J'ai même hésité à arrêter mon métier pour me mettre à fond dans le tatouage mais j'ai préféré rester dans la chaussure. " 

Il n'aime pas le climat politique actuel, l'injustice : " Je trouve que plus les années passent plus on régresse ... On tient certaines choses pour acquises et des tueries de masse arrivent, un génocide se met en place. Je n'arrive pas à me dire qu'en 2024 des choses comme ça existent encore et ça m'attriste profondément. " 

"Es-tu heureux aujourd'hui ?
- Pffff compliqué d'être heureux aujourd'hui. Tout le monde est à cran, tu sens que tout peut s'embraser en un instant ... On est clairement sur le fil et sur tous les sujets : climat, guerres, racisme. Pour un jeune de mon âge, je profite des petits moments de bonheur simple mais j'ai du mal à me projeter. " 

"Le mot de la fin ?
-Soyez altruiste ! On ne se met plus à la place des autres et je pense qu'il manque à nos sociétés juste un peu d'empathie. " 

Merci Simon pour ton témoignage et j'espère que nous nous recroiserons prochainement dans le tramway.


A.

  Bonsoir à tous,  Vendredi dernier il était tôt, très tôt ... dans les 6h20 du matin je pense, et malgré un réveil difficile je me suis sen...

 


Bonsoir à tous, 

Vendredi dernier il était tôt, très tôt ... dans les 6h20 du matin je pense, et malgré un réveil difficile je me suis senti motivé pour chasser l'inconnu. Il pleut des cordes, je suis sur le quai de Pirmil que je trouve étonnamment vide et j'aperçois un jeune homme marchant tranquillement sous la pluie et venant dans ma direction.

Je vous présente Thomas, 24 ans.

Dans la vie Thomas est agent entretien d'espaces verts : "En quoi ça consiste ? Et bien en fait je fais plein de choses : tonte de pelouse, ramassage de feuilles, taille des haies, tout ça pour des entreprises. J'aime ce que je fais, car j'aime travailler en extérieur : c'est un métier physique et sans stress - donc j'y trouve mon compte.
- Comment as-tu découvert ce métier ?
- Un peu par hasard à vrai dire, j'ai galéré à trouver ma voie ... je me suis posé des tonnes de questions, j'ai tenté des choses : avant ça j'ai été porteur funéraire, préparateur de commandes, j'ai fait aussi un CAP carrosserie mais sans réelle conviction, ça ne me plaisait pas et puis un jour j'ai vu une annonce et je me suis dit pourquoi pas. Et c'était parfait, c'est que je recherchais en fait !
Mais ce n'était pas gagné, je ne me voyais nulle part... J'avais besoin de travailler mais je ne savais pas quelle voie professionnelle choisir : pas simple pour un jeune. " 

Je lui demande de m'apprendre un truc sur son métier ? 
" Franchement, il est tôt (rires) ... Mais je ne vois pas ce que je pourrais t'apprendre." 
Rare sont les fois où l'on ne m'apprend rien, mais ce n'est pas grave, je n'insiste pas. 

Mis à part son métier Thomas aime mater des films et des séries, lire, les sorties avec les amis : "J'ai une vie normale, rien qui ne sort beaucoup de l'ordinaire." 

Il n'aime pas les épinards : " Et je n'aime pas la foule, alors un tramway bondé en revenant du travail c'est l'horreur." (rires)

"Es-tu heureux aujourd'hui ?
- Aujourd'hui oui ! Mais comme je te le disais juste avant; après l'école j'étais un gamin perdu qui essayait de trouver sa place dans la société et je me suis beaucoup questionné ... je n'étais pas bien dans ma peau et je ne souhaite pas revivre cette période de ma vie."

Le mot de la fin ?
"Agréable. Discuter avec un inconnu le matin ça change et ça fait du bien en fait. " (rires)

Merci Thomas et au plaisir de te recroiser dans le tramway.


A.


  Bonsoir à tous, Comme je l'ai expliqué sur Facebook, en ce moment, le manque de soleil impacte ma motivation : j'ai du mal à me la...

 

Bonsoir à tous,

Comme je l'ai expliqué sur Facebook, en ce moment, le manque de soleil impacte ma motivation : j'ai du mal à me lancer dans la chasse à l'inconnu tôt le matin, et j'essuie plus de refus le soir. Je pense que tout est lié, mais c'est ainsi. Donc, une fois de plus, ce ne sera qu'une seule personne interviewée cette semaine, et ce soir, c'est une inconnue.

Permettez-moi de vous présenter Océane, 23 ans.

Océane est étudiante en Master WebMarketing : "J'adore ce que je fais! Je suis en alternance et je pense avoir trouvé ma voie. En quoi consistent mes études ? Le Webmarketing est une sorte de gestion de projets dans le domaine d'internet, car je travaille aussi bien avec des développeurs, des designers que des community managers, etc. Par exemple, nous avons un projet en cours depuis 2 ans qui consiste à créer une startup, donc au sein de notre équipe, nous avons moi-même, des développeurs, des designers web, etc. Toutes les compétences réunies nécessaires pour mener à bien un tel projet... c'est super enrichissant, humainement parlant."

Je demande à Océane de me parler de son parcours : "Je viens de Madagascar, et je suis venue en France pour étudier les langues. J'ai commencé par une faculté de langues avec une option en management économique. J'ai échoué ma première année et ensuite est arrivée la pandémie ! J'ai donc profité de cette période de confinement pour réfléchir à ce que je voulais faire. Comme je suis bénévole dans une association au sein de laquelle je m'occupe de la communication et que cela me plaisait, je me suis dit pourquoi pas dans la communication ! (rires) Me voilà donc en BTS communication, puis j'ai poursuivi avec un Bachelor et aujourd'hui en Master. Au cours de mon parcours, j'ai découvert la gestion de projet : discuter, échanger et réunir les gens dans un but commun, et j'ai trouvé que ça avait du sens pour moi."

"Apprends-moi quelque chose sur tes études ?
- J'ai mis du temps à le comprendre, mais il faut énormément d'empathie dans mon métier. D'ailleurs, je trouve que ce n'est pas suffisamment enseigné en cours. Parce que la gestion de projet, c'est surtout et avant tout une question d'êtres humains, donc il faut souvent se mettre à la place de l'autre pour comprendre sa ou ses problématiques."

Océane aime cuisiner, faire du sport - elle m'avouera qu'elle sait que c'est important et qu'elle va s'y mettre, haha -, elle fait partie d'un collectif de femmes dans le numérique : Women@Nantes, et elle pratique le théâtre : "J'ai remarqué que lorsque tu as prononcé le mot théâtre, tu as souri directement.
- Oui, cela fait 10 ans que j'en fais et j'adore ça. Rien que d'y penser, ça me fait du bien, c'est mon oxygène, mon exutoire : ma passion ! Nous avons une troupe au top, c'est la compagnie du café-théâtre."

Elle n'aime pas les gens aigris, ceux qui se plaignent tout le temps : "Il faut relativiser, la vie est belle ! Je viens de Madagascar, et franchement nous n'avons pas à nous plaindre ici... Mais rien n'est acquis, hein ! Il faut se battre pour conserver ses droits ou en obtenir de nouveaux, mais dans l'ensemble, nous ne nous en sortons pas trop mal, n'est-ce pas ?"

Comme elle me parle de Madagascar, j'en profite pour lui demander de me parler de son île : "Mes parents sont toujours là-bas, mais je ne suis pas seule ici, j'ai de la famille. Je n'y suis pas retournée depuis 4 ans et ça commence à faire long. Sinon, c'est magnifique, mais culturellement, c'est compliqué... Il y a peu de choses à faire, malheureusement ; mais si tu y vas en vacances, c'est magnifique."

"Es-tu heureuse aujourd'hui ?
- Oui ! J'ai passé une bonne journée, j'ai appris plein de choses, donc c'est super !"

Le mot de la fin ?
"Je ne m'attendais pas à ça, c'est hyper cool, ça change d'être en mode zombie sur son téléphone... donc merci à toi !"

Merci Océane, et au plaisir de se recroiser dans le tramway !
A.