Bonsoir à tous,  Jeudi dernier j'ai longtemps hésité, j'ai voulu aller sur la ligne 1 mais... j'ignore pourquoi, je ne le sent...

 


Bonsoir à tous, 

Jeudi dernier j'ai longtemps hésité, j'ai voulu aller sur la ligne 1 mais... j'ignore pourquoi, je ne le sentais pas ... Donc je suis reparti sur la ligne 3 : en général je descends vers Hôtel Dieu pour prendre un chronobus mais là j'ai changé mes plans. Pour être certain de ne pas aborder quelqu'un dans le vent, qui ne prendrait pas le même tram que moi, j'attends qu'un tram de la ligne 2 passe et je regarde qui reste sur le quai. C'est à ce moment là que j'aperçois une dame qui a son café dans une main et sa clope dans l'autre, je décide de l'aborder : elle accepte. Malheureusement pour moi elle descendra à l'arrêt d'après je devrai donc être rapide. 

Je vous présente Nadine, 57 ans.

Dans la vie Nadine est agent d'entretien : " Je fais des ménages dans des cages d'escaliers d'immeubles le matin, et dans des bureaux le soir. 
- Tu fais ce métier depuis longtemps ? 
- J'ai commencé à l'âge de 18 ans. Après j'ai fais des pauses j'ai eu des enfants. " (rires)

Je lui demande de me parler de son métier : " C'est un métier difficile, physique mais moi j'aime bien... Je n'ai pas de pression mais surtout ce qui me plait c'est que c'est un métier où l'on bouge : on ne s'arrête jamais et ça c'est sympa. Cela étant, ce n'est pas le même ménage qu'à la maison, donc je ne vois pas trop ça de la même façon - heureusement d'ailleurs. (rires)
Avant je faisais des remises en état pour des maisons ou des appartements neufs : juste avant la remise des clés, une entreprise de nettoyage est appelée pour mettre en état ... C'était difficile ça aussi ! " 

Je lui demande de m'apprendre un truc sur son métier :
" Il faut certaines choses pour pouvoir faire.
- comme ? 
- de la motivation ! C'est physique donc si tu n'es pas motivé, tu ne tiendras pas. Et puis il faut respecter les horaires de travail et surtout respecter le matériel. " 

Mis à part son métier, Nadine aime faire des activités avec ses petits-enfants et faire les magasins : " même si je ne roule pas sur l'or, j'aime faire du shopping. " (rires)

Elle n'aime pas les gens agressifs : " Je trouve que depuis la fin du Covid et des confinements c'est pire qu'avant... Les gens sont malpolis, aigris, ne sourient pas... dans le tramway ils sont tête baissée sur leur smartphone et il ne faut pas leur parler. " 

Es-tu heureuse aujourd"hui ? 
" Oui ! J'ai une petite vie tranquille, j'ai besoin de peu pour me sentir bien. " 

Le mot de la fin ? 
" Je suis contente de t'avoir rencontré ! " 

Merci Nadine, je suis moi aussi content de t'avoir rencontrée, et j'espère que nous nous recroiserons prochainement.

A.

  Bonsoir à tous,  Avant d'aborder mon inconnu du jour j'étais sur le quai avec un  sympathique  journaliste d'Actu.fr  qui voul...

 


Bonsoir à tous, 

Avant d'aborder mon inconnu du jour j'étais sur le quai avec un sympathique journaliste d'Actu.fr qui voulait me suivre dans le tramway. Il ne m'en faut pas plus pour l'inviter dans mon bureau sur rails ... Nous papotons autour du projet, sa genèse puis vient le moment d'entrer dans la rame ... j'observe et aperçoit quelqu'un, seul, de dos. Nous partons à sa rencontre, je l'aborde : " C'est génial ton truc, j'accepte ! "

Je vous présente Youri, 26 ans.

Dans la vie mon inconnu du jour est étudiant en ostéopathie : " Je suis actuellement en 2ème année et il y en a 5 en tout. C'est un changement de voie professionnelle, avant j'étais infirmier mais j'ai été dégoutté du métier. J'ai exercé 3 ans en hôpital psychiatrique ; 3 ans qui n'étaient pas à la meilleure période j'avoue : Covid ! Ce n'est pas la période la plus simple pour commencer un métier dans la santé ! (rires) 
La psychiatrie c'était une bien belle expérience mais je trouvais cela routinier, j'aime le soin à la personne mais je trouvais, pour moi, cet environnement trop médicamenteux. Je ne dis pas que les médicaments ne servent à rien, d'autant plus dans le milieu de la psychiatrie, mais j'avais l'impression d'être un pilulier en blouse blanche... Je ne me sentais plus utile et j'avais surtout envie de changer d’hôpital. " 

Je lui demande de me parler de son nouveau choix professionnel : devenir ostéopathe.
" Déjà, tu sais que tu as 45 minutes minimum avec la personne, donc on est dans une approche différente du soin. Il y a un côté sain de ce corps de métier dans le sens où tu remets le corps du patient en état d'équilibre et en adéquation, avec de la manipulation : étudier le corps c'est passionnant et à manipuler encore plus. " 

J'ai moi aussi repris mes études à 26 ans, et même si je me doute de sa réponse : n'as-tu pas trouvé cela difficile ?
" Oh que si ! C'est galère de se remettre dans le bain. Et encore, ça ne faisait que 3 ans que j'avais quitté les bancs de l'école... Mais bon il y a forcément une période difficile au début, et ça finit par s'estomper au bout d'un moment. " 

Mis à part ses études Youri aime aller au cinéma, aller à des expos et dessiner : " Je dessine des planches anatomiques pour les cours et ça me permet d'apprendre mieux car je visualise le corps. C'est une méthode d'apprentissage dont j'ai besoin : je dessine car j'ai une mémoire graphique.
J'aime aussi les sorties dans les bars donc peut dire que j'aime bar-rer... je viens d'inventer ce verbe ! " (rires)

Il n'aime pas l'injustice, l'égocentrisme, les champignons, les huîtres : " Et je déteste par dessus tout : étendre mon linge , qu'est ce que c'est chiant ce truc ! " (rires)

" Es-tu heureux aujourd'hui ?
- Oui plutôt ! Pourquoi ? Je suis bien entouré car j'ai ma famille et mes amis, j'ai une projection professionnelle qui me plait et me motive chaque jour ; et financièrement pas de soucis donc je me sens chanceux d'avoir ce combo de bons éléments réunis. " 

Le mot de la fin ? 
" Merci ! Hyper intéressant ta démarche, je pense que beaucoup de monde aimerait faire ce que tu fais, mais personne ne franchit le pas de parler à l'inconnu assis en face. Ton truc c'est dingue, j'en reviens pas !  "

Merci Youri pour la double interview avec moi et le journaliste ... j'espère que nous nous recroiserons un de ces jours dans le tramway. 


A.

 





  Bonsoir, Nous sommes jeudi, il est tôt, trop tôt... C'est là que je réalise que je vieillis et que je sens le poids du manque de somme...

 


Bonsoir,

Nous sommes jeudi, il est tôt, trop tôt... C'est là que je réalise que je vieillis et que je sens le poids du manque de sommeil. En 2013, je pouvais dormir seulement 5 heures et être en pleine forme ! Aujourd'hui, avec seulement 5 heures de sommeil, le mot "fraîcheur" a disparu de mon vocabulaire, haha ! Enfin, il est 6h30, je suis à l'arrêt du 8 mai et j'aborde une femme au bout du quai.

Je vous présente Carole, 43 ans.

Carole est infirmière : "Cela fait 17 ans que je suis infirmière et j'aime toujours autant mon métier. En ce moment, je suis en formation pour devenir infirmière anesthésiste. J'attendais cette formation depuis 5 ans, car c'est un investissement lourd pour l'hôpital.
- Comment cela, "un investissement lourd" ?
- La formation de base est coûteuse, c'est un programme de 2 ans où l'on réapprend le métier et l'objectif est de réussir, donc il y a une certaine pression."

Je demande à Carole de me parler de son métier d'infirmière : "Je travaille en salle de réveil, je suis infirmière en bloc opératoire depuis 10 ans. Je m'occupe d'un nombre restreint de patients, donc j'ai le temps de prendre mon temps... mais cela ne veut pas dire que ce n'est pas difficile, hein ! (rires) Je veux juste dire que je me sens un peu différente de mes collègues, donc privilégiée ! C'est un métier formidable, humain, et je ne m'en lasse pas."

Je lui demande de me partager un aspect peu connu de son métier : "Quand je dis aux gens que je suis infirmière dans ma vie quotidienne, ils se confient immédiatement à moi ! Il y a une bienveillance qui s'installe naturellement et les gens se livrent presque instantanément... C'est très amusant à vivre."

Outre son métier, mon inconnue du jour aime : "J'aime sortir, passer du temps en famille et cuisiner/faire de la pâtisserie pour mes filles" - Carole a deux filles de 11 et 14 ans.

Elle n'aime pas l'individualisme, elle constate que vivre ensemble est devenu de plus en plus difficile à expliquer aux gens : "Tu sais, ce sentiment de 'moi, moi d'abord !' Ça m'insupporte. Ah, j'ai oublié de te dire quelque chose que je n'aime pas : le café... sous toutes ses formes. C'est quand même ironique pour une infirmière de ne pas boire de café ! (rires)"

"Es-tu heureuse aujourd'hui ?
- Oui, ça va, je ne me plains pas... Tu sais, il y a toujours pire, donc je relativise. Pourquoi être triste quand les gens autour de moi vont bien... Et en ce moment, je suis en stage en pédiatrie, je suis dans une super équipe et c'est un plaisir d'aller travailler."

Pour conclure, le mot de la fin ?
"C'est une rencontre très agréable et cela m'a mis de bonne humeur de si bon matin, merci."

Merci à toi, Carole, et au plaisir de se recroiser un de ces matins sur le quai du tram.

A.


  Bonsoir à tous, Nous sommes mercredi et je reprends le tramway après 10 jours de vacances ; une petite contracture au mollet m'empêcha...

 


Bonsoir à tous,

Nous sommes mercredi et je reprends le tramway après 10 jours de vacances ; une petite contracture au mollet m'empêchait de marcher trop longtemps... Oui, ici je vous raconte tout, même les détails qui pourraient ne pas vous intéresser haha ! Enfin, sur le chemin du retour, je monte dans une rame vide... Une jeune femme passe devant moi alors que je suis debout dans la rame, à observer et à me demander qui sera le/la futur(e) inconnu(e). Elle s'assoit assez loin de moi, mais peu importe, je la laisse s'installer, sortir ses écouteurs et je vais me positionner en face d'elle.

Je vous présente Clémence, 29 ans.

Dans la vie, Clémence est en reprise d'études : "Je suis en BTS alternance en comptabilité, c'est une reconversion professionnelle. Avant cela, je travaillais sur des plateformes téléphoniques... Tu peux imaginer ce job, non ? Tu comprends pourquoi j'avais envie de changer ? (rires) C'était une expérience, je n'aurais jamais pensé y rester aussi longtemps, c'était vraiment pénible. Mais quand tu viens de ce milieu et que tu cherches un autre emploi, on ne te propose que des postes similaires, comme si tu étais catégorisée ! J'ai eu la chance de pouvoir quitter cet enfer pour rejoindre l'entreprise de mon frère, me former en tant qu'assistante commerciale et toucher un peu à la comptabilité. C'est là que j'ai eu le déclic, je voulais un travail administratif, et la comptabilité s'est imposée comme une évidence."

Je lui demande de me parler de son parcours scolaire, de ce qu'elle voulait faire à la base : "J'ai toujours voulu travailler dans le cinéma, un métier créatif dans ce domaine... J'ai essayé, mais c'est un milieu très fermé, tout fonctionne par réseau. Après un an, j'ai dû me réorienter et j'ai opté pour un BTS Tourisme."

Avant de lui demander de m'apprendre quelque chose sur son métier, je lui parle du plan comptable, car ce que vous ignorez peut-être à mon sujet, c'est que j'ai passé un BEP comptabilité et ce plan comptable m'a traumatisé haha ! Ce qui n'est clairement pas le cas de Clémence, vu qu'elle souhaite en faire son métier.

Bref, revenons à nos moutons : apprends-moi quelque chose sur ton futur métier ?
"Je trouve que dans mon entourage et dans la société en général, le métier de comptable est assez mal perçu. Alors qu'en réalité, c'est un travail extrêmement important au sein d'une entreprise... Combien d'entreprises mettent la clé sous la porte car leurs comptes ne sont pas en ordre ! C'est là que le métier prend tout son sens!"

Mis à part la comptabilité, mon inconnue du jour aime passer du temps en famille et avec ses amis : "Et comme tu t'en doutes, j'adore le cinéma ! Un film qui m'a marqué ? 'Mommy' de Xavier Dolan."

Ce qu'elle n'aime pas : "Les films Marvel ! (rires) Et plus sérieusement, l'injustice et les incivilités."

"Es-tu heureuse aujourd'hui ?
-Oui.
-Et pourquoi ?
-J'ai terminé mes premiers examens, qui se sont bien passés, donc je suis détendue, et ce soir, j'accompagne une amie au concert d'Adé."

"Pour conclure cette interview, le mot de la fin ?
-Bonne journée et bon courage."

Merci, Clémence, et peut-être nous recroiserons-nous bientôt dans le tram !

A.