Bonsoir à tous,  Je présente mes excuses auprès de mon inconnue du jour pour la longue attente avant la publication de son portrait. J'a...


Bonsoir à tous, 

Je présente mes excuses auprès de mon inconnue du jour pour la longue attente avant la publication de son portrait. J'ai gardé la même accroche qu'avant le Covid, et parfois j'oublie de préciser que je ne fais plus ces interviews tous les jours, mais une à deux fois par semaine. Et comme notre rencontre remonte à une semaine, je ne sais plus si je lui ai parlé du délai entre notre rencontre et son portrait sur le blog. 
Pour vous donner le contexte de cette interview, j'ai décidé cette fois de monter dans le tramway et d'attendre de voir qui s'installerait en face de moi ... En général, il faut vraiment que le tram se remplisse pour que quelqu'un se mette en face de moi, haha ! C'est comme ça que, sans soupçonner ce qui allait lui tomber dessus, mon inconnue s'installa devant moi.

Je vous présente, avec un peu de retard, Adeline 25 ans.

Dans la vie Adeline est apprentie fleuriste : " Je suis actuellement en CAP; suite à une reconversion. Ce que je faisais avant cette reconversion ? J'étais en Licence de Lettres Modernes, mais à cause du peu de débouchés j'ai décidé de me réorienter. A la base j'aime la littérature, et je souhaitais faire un métier dans le professorat mais ces études m'ont épuisée. Donc en me questionnant sur mes choix, mes envies, je me suis rendue compte que j'avais besoin d'un métier avec un peu plus de valeurs humaines. Le cadre du professorat était pour moi trop strict et j'ai trouvé que cela m'avait empêchée de m'épanouir. J'ai terminé cette licence en 2020 alors j'ai profité des périodes de confinement pour faire de la remise en question et me requinquer physiquement après cette licence qui m'avait demandé tellement d'énergie. 
Donc comme j'aime aussi les fleurs, j'ai fait des recherches dans le monde des fleuristes : contact et créativité sont des choses qui me parlaient : j'ai décidé de tenter ma chance. " 

Donc parle moi de cette expérience de CAP Fleuriste : " Fleuriste est un chouette métier mais le cadre professionnel est compliqué pour moi. 
- Comment ça ? 
- En fait je suis autiste apserger avec une comorbidité TDAH (trouble de l'attention) et ce handicap non-visible n'est pas toujours bien compris des employeurs. 
J'interromps mon interview et je précise à Adeline que je ne retranscrirai pas tel quel.
"Ah  ! Mais je n'ai aucun souci avec ça, au contraire ça permettra aux autres de comprendre ce que c'est et de mettre en lumière ma différence ! " (rires)

Je lui demande de m'apprendre un truc sur son métier de fleuriste ?
" Quand on pense fleuriste, on pense création florale, mais en fait ce n'est qu'une petite partie du métier. On fait surtout de l'orientation auprès des clients et de la vente. Et on apporte du conseil pour des mariages, des enterrements... humainement c'est très riche. " 

Mis à part son métier Adeline aime danser - elle a pratiqué la danse classique à l'age de 14 à 19 ans : " J'aime aussi écrire et le tricot et le crochet. Pour l'écriture, j'écris un roman actuellement : lentement mais surement. (rires) Et pour le tricot ça me fait du bien, ça me détend... d'ailleurs j'ai des amis qui ont un bar et j'aime tricoter dans ce lieu ; ce qui parfois créé des réactions rigolotes car les gens trouvent ça amusant de me voir tricoter dans un tel environnement. Ça surprend et amuse, donc les gens viennent me parler, ça créé un lien c'est très drôle. " 

Elle n'aime pas la viande - Adeline est végétalienne - et l'injustice : " Je suis de nature très calme mais l'injustice sous toute ses formes me fait sortir de moi et je peux littéralement exploser. " (rires

"Es-tu heureuse aujourd'hui ? 
- Je ne sais pas ! En fait pendant très longtemps j'ai couru après le bonheur et ça me faisait souffrir... Donc aujourd'hui je vis dans le moment présent... A chaque jour suffit sa peine et je savoure chaque petit moment de la journée : l'instant présent ! Et je dois dire que parler avec un inconnu dans le tram est un moment satisfaisant. " (rires)

Le mot de la fin ? 
" S'apporter de l'amour à soi-même, ça met des paillettes... D'ailleurs j’adore les paillettes. " (rires)

Merci Adeline pour ce moment tramway-esque plein de vie, de rires et de confidences, j'espère que nous nous recroiserons.

A.

  Bonsoir à tous,  La semaine dernière, tôt le matin, j'attends sur le quai du tramway de "8 mai" à Rezé et je décide d'ab...

 


Bonsoir à tous, 

La semaine dernière, tôt le matin, j'attends sur le quai du tramway de "8 mai" à Rezé et je décide d'aborder une jeune femme qui entre dans la rame en même temps que moi. Je ne suis clairement pas réveillé, il manque mon café, mais je tente quand même. Au premier abord, mon inconnue du jour me rembarre mais je lui explique le projet : je ne gagne pas ma vie avec ça, je m'intéresse aux gens au hasard ... elle se laisse convaincre simplement.

Je vous présente Claire, 35 ans.

Dans la vie Claire est infirmière depuis 7 ans au CHU mais 11 années au total dans cette belle profession : "Je travaille avec les enfants. En quoi ça consiste, la pédiatrie ? Déjà j'aime par dessus tout prendre soin, mais surtout des enfants : ils sont drôles, mignons, fragiles et c'est ce qui me motive chaque jour pour aller au taf. On prend soin des enfants mais on fait aussi de l'accompagnement auprès des parents, l'un ne va pas sans l'autre !
- Vocation ? 
- Je ne sais pas si infirmière est une vocation, mais ce dont je me souviens c'est que j'ai toujours voulu travailler dans la santé pour prendre soin des gens. "

Je lui demande de m'apprendre un truc sur son métier ?
" Je t'ai dit que dans mon métier j'accompagnais les parents : c'est dans les bons et les mauvais moments. On est là aussi dans les mauvais, lors de la perte d'un enfant, on essaie de rendre ça le plus humain possible, afin qu'ils gardent un beau souvenir de leur passage à l’hôpital mais aussi et surtout de leur enfant.
- J'ai déjà interviewé quelques infirmières sur cette ligne tu te doutes, et je leur demande si elles arrivent, lors de la perte d'un patient, à prendre du recul. En général, elles me répondent que dans leur formation on leur apprend à faire la part des choses, mais que sur le terrain c'est plus compliqué. Toi qui travaille auprès d'enfants ça doit être impossible ?
- Impossible c'est bien le mot ! Je chiale au taf quand malheureusement ce genre d’événement arrive." 

Mis à part son métier, Claire aime sortir, profiter de la vie : rire, passer du temps avec ses enfants, son conjoint et sa famille. 

Elle n'aime pas l'intolérance : " Même si on se juge tous ! D'ailleurs je t'ai jugé sans le vouloir quand tu m'as approché. Je me suis dit qu'est-ce qu'il vient me demander lui : argent ? clope ? me vendre un truc..." (rires)

"Es-tu heureuse aujourd'hui ?
- A l'instant T, non pas spécialement ... il est super tôt, je suis un peu stressée mais ça je te raconterai ça peut-être si on se revoit. " (rires)

Le mot de la fin ? 
" Merci ! Comme quoi il ne faut pas se méfier d'un inconnu qui vient nous parler tôt, c'est pas forcément un mauvais moment comme j'ai pu imaginer lorsque tu es venu me parler. " 


Merci Claire pour ton honnêteté sur ton quotidien et j'espère que nous nous recroiserons dans le tramway un de ces jours.


A. 

  Bonsoir à tous,  La semaine dernière fut riche en rencontres : j'ai pris un peu plus les transports, j'en ai donc profité pour fai...

 


Bonsoir à tous, 

La semaine dernière fut riche en rencontres : j'ai pris un peu plus les transports, j'en ai donc profité pour faire un maximum de portraits d'usagers du tram. Nous voici mardi dernier, lorsque je décide d'aborder une jeune femme, réticente au premier abord, qui finit par se laisser convaincre :

Je vous présente Marine, 28 ans.

Dans la vie Marine est assistante pédagogique dans un établissement d'études supérieures non loin du terminus du tram. Forcément, je fais rapidement le lien avec une ancienne inconnu Emma, qui m'avait parlé d'un même genre d'établissement dans lequel elle travaille. Je lui montre le portrait sur mon téléphone : " Ah mais c'est ma collègue ! C'est drôle ça, le monde est petit. " (rires)

Donc revenons au portrait de Marine : " Comme je te disais, je suis assistante pédagogique. En quoi cela consiste ? Et bien je gère l'assiduité des étudiants, la vie scolaire de l'enseignement supérieur, les exams, les emplois du temps, la relation entre les professeurs et les étudiants. J'aime beaucoup ce travail car c'est un métier très humain ; chaque jour je discute, je créé du lien, et c'est valorisant. En plus les étudiants sont sympas et marrants, alors certes pour certains il y a un manque de maturité mais on rigole bien. " 

Je demande à Marine de me parler de son parcours : " J'ai une licence en psychologie, puis après j'ai enchaîné avec un master dans la formation et un stage en école de commerce pour ERASMUS. A la suite de tout ça avec mon copain, nous avions envie de changer d'air et décidé de changer de pays : la Roumanie. Mon copain est roumain, c'est ce qui a motivé notre choix et nous sommes restés 2 ans là-bas. C'était une chouette expérience, le roumain est une langue latine donc pour comprendre certaines choses j'arrivais à me débrouiller et à le parler un petit peu. On a pas mal profité, fait la fête, et puis le Covid est arrivé... On a été confiné en Roumanie à faire du télétravail à 100%, c'était dur. Alors qu'on profitait de la vie, des soirées, on commençait à se faire un cercle d'amis, on a été stoppé net. Tu imagines bien que confinés dans un pays étranger, sans famille, sans proches... le moral n'y était plus et c'est comme ça qu'on a décidé de rentrer en France. " 

Marine me raconte ses expériences professionnelles en Roumanie : " Je faisais plein de petits boulots comme de la traduction par exemple, j'ai aussi bossé pour la hotline de Séphora France. C'est dans ce genre de taf qu'on se dit qu'on a une chance folle en France. En fait je faisais des boulots mal payés d'entreprises qui ont délocalisé leurs centres d'appels, leurs services clients dans des pays où la main d'oeuvre est moins chère. C'est assez 'drôle' comme expérience, d'être de l'autre côté du téléphone et de voir l'envers du décor : se retrouver précaire à l'étranger. "

Je lui demande de m'apprendre un truc sur son métier ?
" Pour éviter les arnaques au CPF, l'Etat a mis en place une norme, une certification : QUALIOPI. C'est une certification de qualité qui est très lourde pour les organismes de formation. C'est un audit important qui permet de faire le tri et d'éviter de tomber sur de mauvais centres de formation, ils inspectent tout. " 

Mis à part son métier Marine aime les jeux vidéo - elle joue à Baldur's Gate3 actuellement - regarder des streamers sur Twitch : " Et j'en avais marre de scroller indéfiniment sur mon téléphone donc j'avais besoin d'un truc concret, c'est comme ça que je me suis mise à la course à pieds avec un objectif : les 10km des foulées de l'éléphant. Je suis inscrite et je me prépare en allant courir régulièrement. " 

Elle n'aime pas l'injustice : " Je suis aussi une éternelle râleuse (rires), je suis exigeante car rien ne va ! Un autre truc que je n'aime pas ? Ah, si je sais : je déteste les films MARVEL ! " (rires)

"Es-tu heureuse aujourd'hui ? 
- Oui je pense. Tout va bien dans ma vie privée, et niveau pro ça pourrait aller mieux mais j'essaie de passer au dessus et de me fixer perpétuellement de nouveaux objectifs. " 

Le mot de la fin ? 
" Merci c'était cool même si ça fait bizarre de ne parler que de moi. " (rires)

Merci à toi Marine, passe le bonjour à Emma et j'espère que nous nous recroiserons prochainement dans le tram.


A.

  Bonsoir à tous, La semaine dernière je me suis dit que j'allais aborder la première personne que je verrais dans la rame seul(e). Lors...

 


Bonsoir à tous,

La semaine dernière je me suis dit que j'allais aborder la première personne que je verrais dans la rame seul(e). Lorsque je suis monté dans le tram, il était vide : pas de bol. Mais au même moment que j'entrais dans la rame, un homme m’emboîtait le pas. 

Je vous présente Raphaël, 50 ans.

Dans la vie mon inconnu du jour est maçon : " J'adore mon métier, je suis artisan ! Je ne fais plus de gros oeuvre je suis dans la rénovation principalement. Qu'est ce qui me plait dans mon métier ? J'aime résoudre des soucis, en fait je fais de la rénovation mais principalement des chantiers où il y a des problématiques : les chantiers compliqués, c'est moi qu'on appelle. (rires) Je trouve que c'est ce qu'il y a de plus valorisant dans mon métier, cette relation client quand tu es le seul à pouvoir résoudre leur souci. " 

Je connais un peu déjà la réponse à ma prochaine question car ce n'est pas la première personne qui travaille dans le bâtiment que j'interviewe, néanmoins je lui pose la question : "Est-ce que c'est difficile comme métier : maçon ? 
- Oui, physiquement c'est dur. Le dos est douloureux, le cœur fatigue plus vite ... Tu sais, j'ai tiré sur la corde, que ce soit pour le travail ou les trucs perso : drogue, alcool. (rires) A une époque je bossais 7 jours sur 7, après je me suis interdit de travailler le dimanche, puis le samedi et maintenant je me prends une journée supplémentaire de repos dans la semaine. J'ai pris conscience que ma santé est importante, donc je ralentis ... Après, je perds de l'argent en faisant ça mais je commence à apprendre à vivre avec moins de choses pour que ce soit moins dur plus tard. "

Je demande à Raphaël de m'apprendre un truc sur son métier et je vois bien qu'en lui posant cette question ça éveille un truc chez lui : " C'est pas mal, ta question que je t’apprenne un truc sur mon métier. Laisse moi 2 seconde, je réfléchis un peu - ah ! je sais. Sais-tu ce que c'est la résistance mécanique ? 
- Euh, non. (rires)
- Sur une poutre métallique, il y a 2 forces principales : la traction (partie basse de la poutre) et la compression (partie haute de la poutre). On essaie de reprendre, de trouver des idées pour pallier cette tension afin de reprendre tous les efforts. "

Mis à part son métier, mon inconnu aime passer du temps avec ses enfants - même s'il m'indique qu'ils sont grands : " Et il y a 2 ans j'avais un peu d'argent de côté et j'ai décidé de réaliser un truc que j'avais en tête depuis des années : m'acheter des legos ! (rires
Je n'achète pas les boites toutes faites, mais j'aime construire des choses ; on appelle ça des moc. Je créé des choses par moi même comme des œuvres architecturales, des pièces Star Wars ... C'est mon petit plaisir, construire mais différemment que dans mon métier. 
J'aime aussi la philosophie, j'aime réfléchir et les lectures philosophiques. " 

Il n'aime pas : " Je n'aime pas ma médiocrité ! Je suis le reflet de l'Humanité et donc parfois je me dis que je vaux pas mieux que les autres alors que si on se prenait tous en main on pourrait changer beaucoup de choses. Le Monde d'aujourd'hui me fatigue, et je ne te parle pas de Politique qui m’exaspère et m'indigne ; mais j'essai de rester positif. "

"Es-tu heureux aujourd'hui ? 
- ça va ! J'ai dormi chez une amie que je n'avais pas vu depuis longtemps ... j'ai mieux dormi que d'habitude et cet instant présent en ta compagnie est plutôt pas mal, donc ça va. " (rires

Le mot de la fin ? 
" Merci ! J'espère qu'on se reverra. " 

Merci à toi Raphaël, j'espère aussi que nous nous recroiserons.


A.