Bonsoir à tous,  Ce matin j'ai traîné sur les quais, j'ai observé longtemps et puis j'ai fini par me dire qu'il fall...

Evrard


Bonsoir à tous, 

Ce matin j'ai traîné sur les quais, j'ai observé longtemps et puis j'ai fini par me dire qu'il fallait que je me bouge un peu les fesses car la fatigue de cette année sans vacances commence à me peser. J'ai fait le choix de changer de travail, et donc j'en assume les conséquences mais je dois bien avouer que ça tire dur sur l'organisme de se lever tous les jours tôt. Bref, j'aperçois un homme sur le quai de commerce, pourquoi lui ? Il fume le cigarillo, ça m'intrigue je veux savoir qui il est ! 

Je vous présente Evrard, 30 ans. 

Dans la vie Evrard est intérimaire : " Je suis manutentionnaire, je fais des petits boulots pour gagner un peu d'argent aujourd'hui je vais ranger des palettes pour un grand magasin. Si j'aime ce que je fais ? Pas spécialement, mais c'est pour manger, m'habiller et surtout aider la famille.
Moi je rêve d'être cuisinier, depuis l'âge de 10 ans je rêve de faire ce métier. Pourquoi ne pas tenter dans ce métier ? Disons que pour le moment ce n'est pas la priorité, là je travaille pour gagner de l'argent et on verra après. "

Je comprends à travers ce qu'il me dit que la France n'est pas son pays d'origine :
" Evrard, tu es originaire de quel pays ? 
- Du Gabon. Nous sommes arrivés avec ma famille en août 2016, on a fui notre pays suite au climat de violence qui y régnait, ça devenait trop dangereux pour tout le monde et mon père a décidé de tout laisser sur place et venir en France.
Mon père est ingénieur en pétrochimie, donc ce n'est pas un choix facile à faire ... On est allé à l'école, on a manqué de rien ... Mais pour nous protéger le choix était plus judicieux de fuir. 
Pour en revenir à ce métier de cuisinier, mon père nous expliquait qu'il fallait d'abord étudier et après choisir sa voie professionnelle. 
Si ça a été dur notre arrivée ? Mis à part le climat de fraîcheur qui règne ici, je m'adapte très bien ! (rires) Le Gabon étant un pays francophone, il n'a pas été dur pour nous de nous adapter. " 

Il aime marcher, les balades dans la nature, regarder les belles femmes (rires), la pâtisserie qu'il a appris en regardant des vidéos sur internet : " Mais le truc que j'aime plus que tout, c'est danser. Je danse le breakdance, le hip-hop, la salsa ... J'aime ça, danser ! Après en Afrique on aime ça, ça fait partie de nous, ce côté fête et danse. " 

Il n'aime pas la pastèque, se mettre en colère, le système mis en place au Gabon dans lequel il m'explique que pour décrocher un emploi il faut connaitre des gens haut placé : " Mais le truc qui me révolte le plus, c'est de voir des français de métropole arriver au Gabon décrocher un emploi en 5 minutes, mieux payé que les gabonais alors qu'ici en France c'est le parcours du combattant. Il faut des tonnes de papiers, des entretiens, etc. Moi, je veux juste vivre décemment j'ai 30 ans et je vis avec toute ma famille, j'aimerais mon chez-moi et manger à ma faim. " 

Es-tu heureux aujourd'hui ? 
" Oui, ça va, je n'ai pas à me plaindre. Moi je suis en France, si je regarde autour de moi ou dans d'autre pays, je m'estime chanceux. Et puis, même si les gens ne se parlent pas trop dans les transports, ici ils sont majoritairement sympas. Le plus compliqué c'est de rentrer dans des cercles d'amis, et après ça roule. " 

Une personne qui t'a marqué ou t'influence encore aujourd'hui ? 
" Mon père : Jean. 
Pourquoi lui ? Parce que toute sa vie il s'est battu contre un taureau, on ne le voyait pas souvent mais on sait qu'il a fait le maximum pour sa famille. " 

Le mot de la fin ? 
" Toujours garder la tête haute ! "

Merci Evrard, j'espère que nous nous recroiserons dans le tramway.



A.

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